"Trop bon, trop con..."
Vous connaissez l'expression, n'est-ce pas ? Elle est souvent prononcée par ces personnes qui ont beaucoup donné, du temps, de l'attention, de l'amour, de l'argent parfois, elles ont investi leur énergie auprès de l'autre... cet autre qui semble indifférent à ce qu'il a reçu. Cette formule lapidaire, si courte, contient pourtant deux notions clé desquelles il est parfois difficile de s'extirper : La culpabilité et la trahison... Enfer et damnation. La culpabilité pèse, ronge, se rappelle à notre bon souvenir et continue de s'épandre année après année. Elle nécessite une notion de conscience, de discernement, de jugement et de raisonnement. Je me rends compte, après coup, que je n'aurais pas dû faire ceci ou cela. Mais il est trop tard. Pourquoi ai-je compris si tardivement mon erreur ? Étais-je à ce point aveuglé auparavant ? Est-ce que je restais en attente d'une réaction, d'un signe ? L'espoir me faisait-il tenir ? D'une certaine façon, puisque la (non) réaction de l'autre créé mon état de mal-être actuel, ne suis-je pas, quelque part, soumis à cet autre ? De sa réponse dépend mon "bonheur", de son regard dépend le jugement, puis l'amour que je me porte... Parfois, la mauvaise conscience est alimentée par la répétition de comportements inadaptés, "c'est toujours la même histoire, je fais passer l'autre avant moi et je me retrouve à chaque fois déçu... " L'éducation reçue est parfois une clé de compréhension. On apprend aux enfants à faire plaisir, à se mettre en retrait, à être gentils avec papa et maman. A complaire aux gens qui nous entourent, parce que sinon, les "gens" seront mécontents et nous rejetteront". Alors se taire, passer après, "faire plaisir" devient une nécessité pour être aimé, accepté, quitte à avaler parfois des couleuvres... Le remord de n'avoir su se respecter devient alors si puissant qu'il détruit à petit feu l'estime de soi. A force de me taire, je me soumets, j'apprends à peu m'exprimer, à dire oui si je pense non. Et à beaucoup m'en vouloir. "J'aurais du mettre des limites !" Fort heureusement, cette culpabilité peut aussi s'avérer utile. C'est elle qui permet dans bien des cas, à apprendre à exprimer ses attentes : "c'est bon, j'ai compris la leçon ! Cette fois-ci, je vais poser mes conditions !". La deuxième notion importante de cette locution est une lourde blessure appelée trahison : "j'ai donné ma confiance, mon amour, mon temps et en retour, qu'ai-je obtenu ? Un coup de poignard dans le dos !". Aïe, ça pique. Une douleur à laquelle je ne m'attendais pas, que je n'avais pas envisagée puisqu'elle provient cet endroit où je me sentais sécurisé... Alors ce que je pensais solide, fiable dans ma vie, dans mes relations, devient un château de cartes s'écroulant dans un fracas épouvantable. Une blessure pesante, difficile à pardonner, à comprendre. Une rumination lancinante alimentant la déception, bien longtemps après l’événement. "Ne suis-je pas digne d'être aimé ? Quels sont mes appuis dans ma vie ? Suis-je à ce point seul ?". Dans cette perte de repères, s'installe une cogitation aux sombres accents entraînant le développement d'un mal si puissant : l'anxiété, un état de trouble causé par la crainte d'un danger, mécanisme bien naturel lorsque la déception fut à la hauteur de la très désagréable surprise... Je cherche alors dans mon existence tout ce qui me donne raison, tout ce qui m'apporte la preuve que je suis "trop bon... et trop con". Et j'en trouve des preuves ! Plein ! Alors je me construit sur l'idée que les gens abusent de ma générosité et que le monde est peuplé de traîtres en puissance et que décidément, je ne peux avoir confiance en personne. Bien sûr, tout cela relève d'une décision, celle de savoir où je porte mon regard, pour, peut-être commencer à observer toutes ces situations dans lesquelles mon entourage - ou bien ces inconnus dans la rue - me tendent la main, sont généreux avec moi, font preuve d'écoute, d'indulgence, de bonté aussi... Réapprendre à ouvrir les yeux sur ce qui va bien, pour éviter l'enfermement dans des certitudes tronquées et discutables. A partir d'aujourd'hui, je cherche les actes de bonté autour de moi et rapidement, je me laisse porter par la certitude que l'énergie que je partage est contagieuse, et me revient toujours de façon décuplée. Alors cherchons ensemble ces sourires, ces actes gratuits, ces mains tendues, ils nous rappelleront que l'on n'est jamais "trop bon".
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Bonne année à tous chers amis !
Une nouvelle année que je vous souhaite remplie d'équilibre, d'harmonie et de santé ! Cultiver le plaisir de se lever chaque matin et rayonner simplement, sans fard, bien décidé à vivre, à respirer, à se mettre dans le mouvement de ce qui est bon pour soi. Et puis chaque jour est une nouvelle année, une décision : sur quoi vais-je porter mon attention ? Je vous souhaite de prendre de bonnes décisions, celles qui relèvent de votre responsabilité, celles qui permettent de relever la tête et - aussi - d'affronter les tempêtes, sans chercher à les fuir systématiquement. Je vous souhaite de vous retrouver, d'agir, selon ce que vous pensez, ce que vous ressentez, sans vous justifier d'exister, sans demander pardon d'être là. Je Nous souhaite que Vous déployiez vos ailes et que votre rayonnement nous fasse briller, que vos projets nous touchent et réchauffent notre existence. Qu'une impulsion saine, une volonté profonde anime chaque instant, qu'une force tranquille, que rien ne peut arrêter, alimente la sève de vos accomplissements, dans un abandon à soi, dans une douce confiance. Enfin, je vous souhaite de vous laisser cueillir par l'amour, vous baigner tout entier dans un flot de lumière et dans une inspiration, ressentir comme "Ici et maintenant, tout va bien"... A bientôt ! Pierre Je me souviens d'un homme qui se plaignait de sa vie, cherchant un sens dans son activité professionnelle, regrettant l'absence de passion dans sa relation conjugale. "Ma vie est un enfer, je veux être heureux !" Me disait-il... Et puis un jour, son entreprise l'a licencié, sa femme l'a quitté. Et l'homme sombra dans une profonde dépression. "Ma vie est un enfer, j'ai perdu tout ce que j'avais ! j'ai perdu tout ce que j'aimais !" Me disait-il... Il arrive parfois que la quête d'un bonheur absolu, parfait, nous aveugle à ce point qu'il nous détourne des trésors de notre vie. Il arrive parfois que l'écrasante quête de sens nous donne une direction... sans préciser d'où l'on part. La mode du développement personnel repose sur deux concepts : - donner un sens à sa vie - mettre en place toutes les stratégies pour connaître, enfin, le bonheur. Ces injonctions présupposent alors... : 1- que le sens est essentiel à la vie (et que notre vie n'a pas encore de sens). 2- que le bonheur est absent de notre vie. Le développement personnel s'appuie alors sur de discutables constats et créé forcément quelques déceptions. D'abord, la notion de développement implique de faire grandir. Mais ai-je à ce point besoin de développer quelque chose qui existe déjà pour enfin le voir et le reconnaître et peut-être m'en servir ? Ne serait-ce pas plutôt mon regard à corriger, mes œillères à supprimer? Ne serait-ce pas plutôt mes vérités à questionner ? Mes certitudes sur mon mal-être à diminuer, à objectiver ? Plutôt que de développer quoique ce soit, n'aurais-je pas plutôt intérêt à diminuer la portée de mes certitudes...? "Je vais mal ! J'en suis sûr !"... S'il te plait, Arrête de croire que tu as raison ! Redescends un peu, dégonfle, réduis tes certitudes. Oui, je crois que le terme "développement" créé un contresens, il conviendrait davantage de parler d'amoindrissement, de dégonflement personnel pour laisser la place au reste. Me faut-il à ce point mettre du sens à ce que je fais... à ce que je suis ? Réfléchir sur le sens de la vie pour en extraire je ne sais quelle substance qui saura étancher mon désespoir, qui me réveillera, qui me stimulera. C'est un peu comme si, le sens me permettait de savoir que j'existe, or, j'existe aussi sans donner un sens à ma vie. Y aurait-il alors deux formes d'existence ? Une avec et une sans sens ? On s'y perd ! Puisqu'a priori, ici et maintenant, il n'y a qu'une vie. La mienne. Voici donc une injonction discutable, celle de donner un sens à sa vie, à tout prix... Parce que si je ne le trouve pas, je suis condamné à souffrir, à être malheureux ! Et à force de me poser tant de questions, paradoxalement, j'aimerais parfois être un imbécile... heureux. Quand je donne du sens à ma vie, je vis. Pleinement. Toutes mes émotions. Les plus lumineuses, comme les plus sombres. Et je ne recherche pas autre chose que de vivre en me confrontant aussi aux désagréments. Si je veux absolument donner un sens (un seul ?) à ma vie, alors je crois que je ne vis pas, du moins pas suffisamment. Autre chose m'attend, ailleurs. Forcément mieux... Mais quoi ? Qui est le plus vivant des deux, celui qui vit aujourd'hui ou celui qui recherche pour vivre demain ? Alors peut-être est-il temps d'arrêter la quête du bonheur et de chercher à tout prix un sens à sa vie. Peut-être est-il temps d'arrêter de croire qu'ils sont indispensables à mon développement. Non, le bonheur existe dans ma vie, le malheur aussi. Et lorsque je reconnais l'un et l'autre, lorsque je ris, lorsque je pleure, je suis pleinement connecté à mes émotions. Je suis vivant ici et maintenant. Dans la joie et la souffrance. Et j'observe les deux, sans chercher à ne vivre que dans la lumière. Cela s'appelle l'équilibre personnel ce qui n'a plus rien à voir avec le développement personnel. La prise de poids revêt bien des aspects. Le corps ne trompe pas, quand la vie me pèse, les poids s'accumulent quelque part... Criante devient l'existence de ce qui m'encombre... Les émotions, impalpables, harcelantes et fugaces, à force d'être tues, se cristallisent et s'expriment dans la matière, ma matière, en moi.
Alors ces kilos, traduisent tout ce que je n'ai su exprimer, accepter, pardonner. Ils agitent le fanion du non-dit, du mal-être absorbé, se rappelant à mon bon souvenir dès que je monte sur une balance ou que je m'observe dans un miroir. Premier rempart contre la violence et la maltraitance, le corps peut s'armer de protections, d'une enveloppe que rien ne pourra jamais altérer. Les poids deviennent un système puissant pour mieux se protéger contre la douleur de l'humiliation, des coups... Comme une muraille que rien ne saura traverser, qu'il me faudra entretenir, préserver au fil des années. Une muraille révélant plus encore la vulnérabilité intérieure. Parce que derrière l'épaisse protection, se cache tellement de sensibilité, de vulnérabilité. De beauté aussi, qu'il me faudra apprendre à accepter, à aimer... moi qui me déteste tant. Une muraille à laquelle je reste fidèle, un système de défense encombrant qui aujourd'hui n'a plus aucune raison d'être. Il est grand temps que je révèle au monde la délicatesse que je cache soigneusement tout au fond de moi ! Parfois, la prise de poids révèle mon combat. Celui que je mène pour être enfin considéré, aperçu, accepté, respecté, vu... aimé. "Hé regardez moi ! Je suis là moi aussi ! Ce n'est parce que je fais passer les autres avant moi que je n'existe pas !" Dans un contexte, une famille, un travail, où l'attention se porte ailleurs que sur moi, que sur mes efforts, et davantage sur un frère, une soeur, sur la maladie, des conditions de vie difficiles, sur mes collègues, mon mal-être et l'injustice ressentis vont s'exprimer aisément par le corps, par ces kilos que parfois je ne comprends pas. Une lutte pour prendre une place, pas forcément la première, mais une place à part entière, alors que s'installe en moi l'idée que je ne vaux rien... Le corps saura se révolter : "Merde, j'existe !" Quand bébé pleure, on lui donne à manger. Dès la naissance est confortée l'idée que tout chagrin se solde par la nourriture. Que seule l'alimentation saura apaiser mes émotions. Émotions que l'on ne prend plus le temps de reconnaître et de considérer. Et puis dans la famille, on a l'habitude se réunir autour de bonnes tables ! La culture du "manger" est si présente qu'elle est associée à chaque émotion, pesante ou joyeuse. Et comme nous sommes constamment traversés par des émotions... La nourriture devient excessive, irrationnelle, dans ses quantités, ses fréquences, sa qualité. Manger trop, grignoter pour taire et calmer ses émotions ou festoyer de longues heures pour fêter des retrouvailles. Une histoire de culture à laquelle je reste fidèle et qui ne correspond plus à la personne que je suis devenue... "Manger ses émotions", cela vous parle ? Lorsque la vie est pesante, les tracas s'accumulent, le poids de l'existence devient tel qu'il me plonge dans la sourde souffrance. La vie est dure, n'est pas ? "Il est bien normal de passer par des moments aussi durs, cela fait partie du jeu, je n'ai pas à m'en plaindre, c'est comme ça !" Ce que je n'exprime pas, s'imprime profondément. Dans ma chair d'abord. Et ma vie si pesante, prend forme en moi, dans mon corps qui s'alourdit, dans mon squelette qui se fragilise. Ce que je ne sais plus dire m'écrase.. et mon corps se renforce pour ne pas ployer sous le poids fracassant de l'existence. "Maman était tellement obnubilée par mon poids que j'ai vécu toute mon adolescence dans la frustration des régimes... et lorsque je me suis retrouvé seul, je me suis laissé aller"... Et les kilos se sont installés. Massivement. Comme un contre pied, un retour de manivelle. Et aujourd'hui je ne suis plus frustré par le manque de nourriture. Non, je le suis maintenant par mon image, par mon mal-être. Au fond, en réagissant de façon opposée à ce que j'ai vécu enfant, je continue d'articuler ma vie autour de l'injonction qui me faisait tant souffrir... et je cultive la souffrance sous une autre forme. Au delà de la fonction vitale, la nourriture constitue un refuge apaisant, délivrant son lot d'hormones régulant les trop pleins émotionnels. Bien sûr l'excès d'alimentation est presque systématiquement à la base d'une prise de poids. La dépendance aux matières grasses, au sucre aussi. En revanche, les raisons qui mènent au refuge dans la nourriture sont, elles, très vastes... Et font l'objet de mon approche en hypnothérapie. Nous savons tous ce qu'est un équilibre alimentaire, nous savons tous ce que nous devrions faire ou ne pas faire... Et pourtant, lorsque l'appel du grignotage, ou du fait de me resservir alors que je n'ai plus faim est le plus fort, alors peut-être vaut-il mieux se pencher sur les motifs de mon comportement pour y apporter, enfin, une solution pérenne et intègre visant à réguler mon alimentation. Comme nous le savons tous, la solution durable n'est pas dans le régime à vie. Chacun de ces fonctionnements inconscients vise à protéger. Peut-être est-il temps de se remercier pour de bon, et mettre en place d'autres stratégies ? Plus conformes à ce que je suis "ici et maintenant". A très vite je l'espère. Chaque rencontre est unique, chaque séance se révèle différente de la précédente. Nous portons en nous ce caractère de singularité et pourtant, nombreux sont ceux qui luttent contre cette dernière, rêvant de devenir « normal » ou « comme les autres… », rêvant de faire taire ces parties qui saignent à l'intérieur et souffrent en criant silencieusement.
Une guerre impitoyable, sans merci, contre vents et marées. Une guerre menée parfois depuis de longues années. Contre soi, d'abord. Une arme de destruction intime s’avère très efficace : le jugement intérieur. Petite voix insidieuse qui ne laisse rien passer. Il existe aussi les processus d’auto-sabotage, les schémas répétitifs, les pulsions, les phases de déprime, les blocages…. Une longue liste créant un fracas épouvantable auquel l'on s’habitue au fil du temps, une fatalité contre laquelle, lutter, ne sert plus à rien. Beaucoup de personnes venant au cabinet sont des traumatisés de ce conflit intérieur. En guerre, violente et silencieusement hurlante depuis si longtemps, elles viennent chercher un cessez-le-feu. Une accalmie, un apaisement. Oh, rien de spectaculaire, juste l’expérience du repos, de la paix intérieure, de l’harmonie. C’est cela l’expérience la plus fondamentale de l’hypnose : se retrouver dans un espace différent, un no-man’s-land et vivre par sa sensorialité une rencontre entre soi et soi. L’hypnose est un espace de rencontre. De re-découverte. Un espace de poésie aussi. Entrer dans un état d’hypnose, revient à lâcher ses armes pour expérimenter une approche plus satisfaisante. Nouvelle, forcément. Or lâcher ses armes est probablement l’étape la plus décisive. Cela s’appelle aussi le lâcher-prise ou abandonner tout projet de maîtrise sur le temps et les évènements, sur le corps aussi et les pensées aussi. La magie est là, ne rien attendre, ne rien espérer, ni même un résultat, et s’ouvrir à tout pour laisser monter l’ensemble des ressources et forces vives qui sont en nous, celles qui recréent du lien, entre nous et nous. Le praticien en hypnose n’est rien d’autre que le dépositaire de ces armes « Tu peux y aller en confiance… ». Mais les mots ne suffisent pas à créer ce rapport de confiance, une intention pure, une relation pure, un rapport rempli parfois de silences, de regards, d’une respiration tranquille, de rires aussi - de vérités toujours - sont le ferment de cet abandon à soi. Alors, dès que la personne ferme les yeux spontanément pour s’abandonner à l’aventure de la paix, sans le savoir vraiment, elle vient d’accepter l’idée d’enterrer la hache de guerre et commence à fumer le calumet de la paix. Je ne travaille que pour ce moment-là. Dans l'épaisseur d'un son, j'entends mon écho, profond.
Dans le repli d'un souffle, murmure l'âme, la vie. Sur le mur abrupt des mots, les silences accrochent les sens, rythment l'inspiration, atteignent l'essence. Dans le silence, intervalle secret d'un équilibre délicat, je découvre la pulsion d'un coeur. Dans le silence, pause salutaire de bavardages incessants, je me cueille et me recueille. Dans le silence, je suis, nous sommes, la danse et le jeu s'installent. L'art des mots, la pratique du silence et apprendre à se taire pour laisser faire. Amplifier le silence et laisser la magie opérer quand l'âme agit. En hypnose, souvent, le silence est plus riche que les maux révélés. Il est ce subtil courant d'air, celui d'une porte que l'on ouvre doucement sur une ressource, une solution, une sortie, une hypothèse... la possibilité d'un autrement. Les silences portent en eux la résonance d'expériences, cette trace que les mots ne décrivent pas profondément. Un écho sur des vibrations, des ressentis, une douleur parfois diffuse, venant d'ailleurs, d'autres moi, d'autre temps, d'incompréhensions, d'héritages aussi. Les silences sont le témoin de l'indicible, lorsque les maux dépassent les mots, soulignés par un regard subitement fixe, vague ou songeur. Les silences renferment tant de secrets. En séance, nous laissons au silence le temps d'être reconnu, écouté. Sortir du bruit parasite pour se retrouver, pour s'accompagner. Expérience surprenante pour certains, révélatrice pour d'autres, nous jouons les mots sur des partitions en silence majeur. Et lorsque soudain un silence s'impose, souvent, des pans entiers de croyances toxiques, jusque là fracassantes, s'effondrent naturellement pour laisser la place au renouveau. Celui d'un soulagement comme l'on soupire d'aise, en silence. C'est reparti pour un tour de confinement ! Certes, un peu différent cette fois-ci, les jours raccourcissent, le froid commence à lancer ses piques, les arbres se déshabillent et la pluie frappe régulièrement à nos vitres.
Un peu différent aussi car nous savons à quoi nous attendre, les supermarchés restent remplis de nourriture, nous manions avec "finesse" ("fourberie" serait exagéré !) l'utilisation des attestations et les enfants sont à l'école. Différent aussi car je n'entends plus les clameurs soutenant les soignants chaque soir. Pourtant, la situation semble échapper à toute maîtrise, nous les savons sous tension et de leur sort dépend aussi le nôtre. Aujourd'hui, j'entends de la plainte, et plus aucune considération pour les soignants - encore moins pour les malades. J'entends des débats sur ce qui est "essentiel", j'entends des corporatismes, des "coups de gueule", des gens pour, des gens contre... J'entends une belle cacophonie dont la dissonance me semble éloignée de la mélodie du printemps dernier. Dans mon cabinet, les distances sont respectées, le masque est porté constamment, les fenêtres ouvertes entre chaque client, le désinfectant est passé sur toutes les surfaces lisses, les tissus protégés, chacun est reçu sur rendez-vous et le cabinet est suffisamment grand pour qu'à deux, nous ayons chacun une vingtaine de mètres carré... Ces gestes sont appliqués systématiquement pour tous depuis le mois de mai 2020. Je n'ai aucun avis sur la virulence de la pandémie, sur ce qu'il faudrait faire ou non pour l'enrayer... Je ne sais pas. Je fais au mieux selon ce qui me semble juste et sain. Ces derniers jours, je me suis beaucoup interrogé sur ce qui me semblait juste et sain... Et les réponses ne sont pas aussi évidentes. Aujourd'hui, même si les textes gouvernementaux relatifs au nouveau confinement sont peu clairs (c'est peu dire !) et sujets à discussion, j'engage ma responsabilité de citoyen et de professionnel de l'hypnose en prenant la décision de fermer mon cabinet en ce début du mois de novembre 2020. Bien sûr, je pourrais, comme d'autres, continuer à vous accueillir - je suis autorisé à travailler - et vous exposer à une amende de 135 euros car votre déplacement est réservé aux seuls actes médicaux ne pouvant être reportés ou réalisés à distance. Je pourrais faire semblant (c'est si facile) de ne pas avoir compris l'urgence de ce deuxième confinement, je pourrais faire semblant de m'estimer professionnel de la santé, de me croire essentiel, je pourrais profiter du flou juridique pour tirer sur la corde et exercer encore et encore, participer à ma façon au déplacement du virus et tant pis pour les soignants, et tant pis pour les morts, pour les petits vieux... Je crains qu'en faisant cela, et ce n'est que ma vision des choses, je me défausse de ma responsabilité et vous fasse supporter mes interrogations, mes doutes, le risque de vous exposer à une sanction financière, de vous pousser à une forme de tricherie aussi... En vous recevant, aujourd'hui, je fermerais les yeux sur quelque chose de fondamental dans ma pratique : l'harmonie ou cette douce sensation d'être aligné, droit dans mes bottes. Si je me sens tricher ou à la limite de ce qui est autorisé ou non pour le bien commun, alors l'harmonie (la mienne) vole en mille morceaux et mon accompagnement n'est plus celui que je veux réaliser. L'harmonie que j'évoque est celle de mon authenticité, celle de mon enthousiasme, d'une énergie sans faille que je mets à votre service. Cette harmonie est aussi le ferment de mon honnêteté, celle qui permet au client de s'autoriser à aller chercher au plus profond de lui les ressources nécessaires à son bien-être. Je pense intimement que cette harmonie participe à l'engagement de mon client lorsqu'il ferme les yeux pour entrer en hypnose. J'espère vivement que les autorisations seront rapidement levées. Dès qu'une information claire sera émise par le ministère de la santé, alors je vous le ferai immédiatement savoir et vous annoncerai de la façon la plus enthousiaste qui soit, que vous êtes les bienvenus au cabinet ANIMA - Hypnose Angoulême ! En attendant, je privilégie les séances à distance et me concentre exclusivement sur le soulagement des angoisses et de l'anxiété. Prenez bien soin de vous :) "C'est dans l'ombre de soi-même que l'on fait les rencontres les plus lumineuses..." Jacques Salomon
Je suis resté très pensif en lisant cette phrase.. C'est vrai, certaines rencontres, éphémères bousculent nos vies, les illuminent. Le temps d'une discussion, d'une véritable écoute, d'un conseil ou plus encore d'un temps partagé, court. Comme des messagers d'un autre monde, ils viennent éclairer notre chemin, parfois dans la douleur, parfois dans la joie, marquant alors d'une façon indélébile ce que sera notre destinée. Au fond, ce sont des étoiles filantes dont le passage a laissé cet écho éternel que chaque grain de lumière a gravé dans nos mémoires. Parfois ces personnes croisent notre vie, la modifie profondément sans le savoir vraiment et repartent aussi vite qu'elles sont arrivées. Parfois juste un regard, un sourire... Ces destins croisés prennent plus de sens encore dans une période tourmentée, difficile. Dans ces moments de fragilité qui nous rappellent tant notre vulnérabilité. La magie de ces rencontres réside souvent dans ce que je peux y puiser, une nouvelle force, une prise de conscience, un nouvel élan que je ne m'autorisais pas à envisager. Par l'attitude ou les mots de l'autre, j'entends le son de mon appel intérieur, de ce que j'occultais et parfois, la détonation est gigantesque, un big bang intime révélé ou réveillé par ces fugaces croisements. Grâce à toutes ces personnes qui ont croisé ma vie, qui ont modifié mes perceptions du monde ou ma place dans celui-ci, je crois que je me suis surtout rencontré dans ce qu'il y avait de plus vrai, de plus essentiel. C'est le cadeau magique que m'ont fait ces gens. En même temps, je prends conscience que moi-même je suis l'une de ces étoiles filantes, que par mon regard ou mon sourire, par un mot agréable ou dérangeant, je peux aussi permettre à l'autre de se rencontrer, à sa façon, sur l'instant ou bien plus tard. En considérant l'autre à part entière, je lui tends alors ce miroir d'humanisme pour qu'il puisse y trouver son propre reflet, ses réponses. En rencontrant l'autre vraiment, "je me repose un peu de moi..." comme le dit si bien Alexandre Jollien. Alors dans ma rencontre avec l'autre, je prends conscience que seule la qualité de ma présence est le cadeau que je peux offrir et dans cet esprit, j'avance alors avec lui, illuminant tous deux nos chemins respectifs d'une multitude d'étoiles filantes... Le confinement bouscule mes habitudes, mes certitudes. Il est l'occasion d'une introspection révélant alors ce que j'avais oublié...
Quel contraste entre le calme de nos rues et l'effervescence des centres hospitaliers. L'immobilité de nos mouvements et l'action urgente et frénétique de nos soignants... Ecouter les oiseaux, le bruit du vent dans les feuilles et imaginer le chaos des salles de soins, des respirateurs, alarmes en tous sens, cris ou ordres vociférés autour d'un malade... Comme s'il y avait une façade endormie, tranquille, des sons harmonieux, des bruits étouffés et de l'autre côté, l'excitation, le chaos pour la survie... Deux aspects opposés d'une seule réalité, celle d'un danger remettant en cause nos façons de vivre, nos priorités et le sens de ce que nous faisions... avant. Plus étonnant encore, ce que nous vivons dans le monde est reproduit à l'échelle d'un continent, d'un pays, puis d'une région, d'une ville... de notre maison et de nous-même. Une véritable figure fractale où l'infiniment grand ressemble tant à l'infiniment petit. Quand le monde entier ressemble à ce que nous sommes intimement. "Je suis partagé..."... "une partie de moi pense que... tandis que l'autre...", j'ai un côté sombre et pourtant j'essaie de laisser transparaitre autre chose...". Bref, à l'image de nos rues tranquilles et du chaos quelques mètres plus loin, cette crise ressemble étrangement aux déchirements intimes que certains d'entre nous connaissent depuis si longtemps... Le coronavirus devient alors le miroir de ce que chacun peut vivre dans ses paradoxes, dans son déchirement, dans son mal-être d'une existence partagée entre plusieurs facettes - a priori - paradoxales :"je suis tout et son contraire !"... Un miroir qui reflète et grossit ce que nous sommes... Alors au niveau du monde, je ne sais pas, mais à un niveau plus personnel, l'une des façons d'aborder cette crise peut justement consister à observer nos paradoxes, ces facettes opposées, et, davantage que de les lisser, les gommer ou les faire disparaître : apprendre à les aimer, les accepter, reconnaitre leur existence plutôt que de faire semblant, comme si elles n'existaient pas... Il ne sert à rien de les étouffer, car tôt ou tard, les évènements du quotidien nous les rappellent - parfois violemment. "L'intelligence consiste dans la connaissance des autres, alors que la vraie sagesse consiste dans la connaissance de soi." Lao Tseu Le confinement bouscule mes habitudes, mes certitudes. Il est l'occasion d'une introspection révélant alors ce que j'avais oublié...
Je découvre ou redécouvre les réseaux sociaux ! Et pour une fois, je reconnais qu'ils favorisent le maintien de liens entre amis ou au sein de la famille. Un mot pour prendre des nouvelles, facilement.. Penser à untel et lui dire de prendre soin de lui. Les réseaux sociaux servent enfin à ce qu'ils devraient être (ce n'est que mon mon humble avis) : faciliter les relations. Le temps du confinement, je réserve plus d'espace à prendre des nouvelles de ceux qui me sont chers. Je téléphone beaucoup, j'envois un SMS, un clin d'oeil sur des plateformes de messagerie. Je crois que je n'ai jamais eu autant de contacts sociaux, à distance certes, qu'en ce moment. Voilà qui fait du bien ! L'humour est aussi présent dans tous ces liens, toutes ces pages, ces fils, stories... Des blagues, des calembours permettent de rire, de nous, de nos vies confinées. Cet humour nous offre la possibilité de prendre aussi de la distance avec nous, avec nos peurs, nos humeurs. C'est à cela que sert ce déferlement de vidéos mondiales, nous faire faire un pas de côté pour regarder différemment ce qui nous arrive.. et en rire de bon coeur, sans moquerie. J'aime donc passer un peu de temps à lire les témoignages faussement excédés et ironiques de ces mamans racontant leurs déboires, ou les géniales trouvailles de certains pour passer le temps ou contourner l'enfermement.. Tout cela contribue aussi à nous relier les uns aux autres, à partager un instant positif dans ce flot ininterrompu d'informations si sombres. Cette période est une période où l'on prend soin les uns des autres. Juste par un mot, un SMS, une blague, un message sur le répondeur. Nous nous relions aux autres en parlant au voisin au travers de la clôture ou de fenêtre en fenêtre... J'ai même l'impression que le dialogue est plus présent dans les supermarchés, entre clients , avec les vendeurs masqués. J'apprécie de retrouver la simplicité de se parler... quelque chose qui, je le crois, avait un peu disparu de ma vie. |
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Août 2022
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Tout
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