Le confinement bouscule mes habitudes, mes certitudes. Il est l'occasion d'une introspection révélant alors ce que j'avais oublié...
Le temps est bien relatif ! J'ai perdu toute notion des dates et des heures qui passent. Parfois, je ne sais plus si nous sommes mardi ou jeudi, j'erre dans un brouillard doux égrenant les secondes comme elles viennent, souvent identiques à la précédente. Mon rapport au temps se transforme, naturellement. Il s'étire irrésistiblement, devient un élastique qui prend forme lorsque je l'observe. J'étais esclave du temps, ordonné, précis. Régulier. Je découvre désormais la poésie d'une langueur qui repose mon esprit. Je courais en direction du futur, me voici contemplant le présent. Une seconde à rêver, respirer, regarder par la fenêtre retient le temps. Comme un collectionneur veillant sur ses précieux trésors, je savoure différemment les instants, uniques forcément et pourtant si semblables. Ce temps nouveau me calme. Etrangement, je ne ressens pas l'inquiétude du lendemain et pourtant, comme tous, je ne sais pas. Règne alors dans la maison une quiétude dynamique, ponctuée par des parties de jeux de société, des moments consacrés à la vie de famille, des temps "morts", de repos, de réflexion... Mon temps est différent de celui des soignants, des personnes travaillant dans les supermarchés - je le sais. J'avais le même. Jadis pressé, peu disponible, absent du foyer, enchainant les séances tôt le matin jusque tard le soir, enfermé dans mon périmètre de travail sans pause, sans souffler, je redécouvre l'absence d'ultimatums et mon poignet libéré de sa montre. Je redécouvre le temps qui passe et je ressens l'urgence de réapprendre à le saisir ou à le respecter. Parce qu'après tout, le temps n'appartient qu'à celui qui le cueille.
0 Commentaires
"À chaque fois que je vais bien, je ne sais pas pourquoi, je fais quelque chose ou je dis quelque chose qui me plonge immédiatement dans la noirceur la plus totale... Je ne parviens pas à garder mes relations et tout ce que je touche, je le casse !... Comme s'il y avait en moi une voix qui me rappelle que je ne mérite pas d'être heureux !"
Voilà une situation bien usante, vivre la félicité et sombrer juste après dans le mal-être, un yo-yo permanent, fatigant. Les philosophes stoïciens ont l'habitude de dire que le bonheur ne peut exister sans la conscience du bonheur. Et justement, cette prise de conscience déclenche parfois des mécanismes bien enfouis, parfaitement inconscients. Des réflexes, des programmes, des réactions non appropriés à mes besoins les plus élémentaires. "Je veux être heureux, mais je sabote systématiquement la source de mon bonheur, en moi, ou dans ma relation aux autres...". Pour certains, le fait de prendre conscience que, ici et maintenant, tout va bien, déclenche immédiatement la peur de perdre ce bonheur. Après tout, on ne perd que ce que l'on possède, n'est-ce pas ? Et lorsque je me concentre sur cette peur, que mes pensées convergent vers la crainte de le voir s'échapper, alors mon corps, mon esprit s'apprêtent à lutter pour le conserver, ils me placent dans une position défensive et parfois, la meilleure des défenses, c'est l'attaque. Pour d'autres, prendre conscience que tout va bien, c'est s'aventurer dans "l'inconnu"... "Je n'ai pas été épargné par la vie.. et je ne sais pas vraiment ce qu'est être heureux !". L'inconnu, c'est le changement, changer ses repères, ceux qui nous structurent, nous rassurent, ceux que nous connaissons depuis très longtemps parfois - ces repères nous permettent de tenir, de savoir dire non, et d'en être là où nous en sommes aujourd'hui malgré les difficultés rencontrées. Lorsque l'on se bâtit sur la certitude que le bonheur n'appartient pas à notre vie, à notre expérience, il est alors dangereux ou inquiétant de se séparer de ce qui nous a maintenu en vie... cette structure que certains nomment la force intérieure. Alors même si je sais que le bonheur est bon pour moi, une partie plus instinctive, plus animale se méfie de ce changement... et me précipite là où je retrouve mes repères d'antan : "le bonheur n'est pas pour moi !" Certains, lorsqu'ils prennent conscience que tout va bien, se rappellent alors combien la vie de leurs parents (ou d'autres) fut difficile, des efforts qu'ils ont produits toutes ces années à se sacrifier pour les autres, pour leurs enfants... "Mais qui suis-je, moi, pour mériter le bonheur, plus que mes parents ? plus que... n'importe qui ?". Alors par devoir, je ne m'autorise pas à embrasser le bien-être et, inconsciemment, encore une fois, je mets en place des mécaniques imparables qui m'éloignent de ce que je sais bon pour moi. D'autres peut-être, découvrant subitement comme ils vont bien, entendront alors la voix du père, de la mère ou d'un "grand" lui disant "tu es un bon à rien !", "la vie c'est dur, méfie toi !", "tu ne mérites vraiment pas tout ce que l'on fait pour toi... !", "tu n'arriveras à rien dans la vie !"... Bref, toutes ces joyeusetés que, malheureusement, certains parmi nous entendent ou ont entendu toute leur jeunesse. Des messages répétés, ancrés. Le "Tu es un bon à rien" est devenu "Je suis bon à rien...". Ce que je crois, devient ma vie. Comme le dit si bien Victor Hugo : "je crois ce que je dis, je fais ce que je crois..." Bref, les histoires, les passés, les cercles vicieux, les croyances sont à l'origine de ces mécanismes destructeurs. D'autres schémas existent bien entendu, et chacun d'entre eux fait l'objet de nombreux ouvrages, ils abordent les sujets de l'estime de soi, du mérite, de l'autorisation, de l'évolution personnelle, des croyances, de la culture, de l'éducation... Tous ces sujets, nous les abordons en séance de thérapie brève, travaillant avant tout sur le changement de perspective. Le regard sur soi... parce que, merde, "oui, je le vaux bien...!" comme dirait l'autre.. et j'ajouterais "je le vaux bien... maintenant et rapidement parce qu'il est grand temps que je vive ma vie, pleinement !" - ok, ça claque moins. C'est le propos de la thérapie brève, à bientôt je l'espère, sur Angoulême dans votre cabinet d'hypnose ou ailleurs ! Bonne nouvelle !
Je suis ravi de vous informer que le cabinet ANIMA Hypnose Angoulême vous accueillera à nouveau dès le 11 mai 2020 ! Bien entendu, toutes les mesures de protection* seront mises en place pour votre confort et la réussite de votre séance. Pour ceux qui le préfèrent, ceux qui ne peuvent se déplacer, je maintiens les consultations à distance. Alors j'entends que rien ne sera plus comme avant... Peut-être... Mais dans le cabinet ANIMA, l'énergie, la bienveillance, l'optimisme, la volonté de vous donner le meilleur seront intacts... Prenez grand soin de vous, à très vite au 07 69 93 33 18, je me réjouis de vous rencontrer et d'échanger avec vous. * respect des distances - salle d'attente fermée - nettoyage systématique des poignées, sonnette, stylos - chaque personne entrant dans le cabinet se nettoie les mains - protection à usage unique sur les fauteuils - port d'un masque du praticien - pas de poignée de mains.. mais un grand sourire que vous lirez dans mes yeux et que vous entendrez dans ma voix ! "C'est dans l'ombre de soi-même que l'on fait les rencontres les plus lumineuses..." Jacques Salomon
Je suis resté très pensif en lisant cette phrase.. C'est vrai, certaines rencontres, éphémères bousculent nos vies, les illuminent. Le temps d'une discussion, d'une véritable écoute, d'un conseil ou plus encore d'un temps partagé, court. Comme des messagers d'un autre monde, ils viennent éclairer notre chemin, parfois dans la douleur, parfois dans la joie, marquant alors d'une façon indélébile ce que sera notre destinée. Au fond, ce sont des étoiles filantes dont le passage a laissé cet écho éternel que chaque grain de lumière a gravé dans nos mémoires. Parfois ces personnes croisent notre vie, la modifie profondément sans le savoir vraiment et repartent aussi vite qu'elles sont arrivées. Parfois juste un regard, un sourire... Ces destins croisés prennent plus de sens encore dans une période tourmentée, difficile. Dans ces moments de fragilité qui nous rappellent tant notre vulnérabilité. La magie de ces rencontres réside souvent dans ce que je peux y puiser, une nouvelle force, une prise de conscience, un nouvel élan que je ne m'autorisais pas à envisager. Par l'attitude ou les mots de l'autre, j'entends le son de mon appel intérieur, de ce que j'occultais et parfois, la détonation est gigantesque, un big bang intime révélé ou réveillé par ces fugaces croisements. Grâce à toutes ces personnes qui ont croisé ma vie, qui ont modifié mes perceptions du monde ou ma place dans celui-ci, je crois que je me suis surtout rencontré dans ce qu'il y avait de plus vrai, de plus essentiel. C'est le cadeau magique que m'ont fait ces gens. En même temps, je prends conscience que moi-même je suis l'une de ces étoiles filantes, que par mon regard ou mon sourire, par un mot agréable ou dérangeant, je peux aussi permettre à l'autre de se rencontrer, à sa façon, sur l'instant ou bien plus tard. En considérant l'autre à part entière, je lui tends alors ce miroir d'humanisme pour qu'il puisse y trouver son propre reflet, ses réponses. En rencontrant l'autre vraiment, "je me repose un peu de moi..." comme le dit si bien Alexandre Jollien. Alors dans ma rencontre avec l'autre, je prends conscience que seule la qualité de ma présence est le cadeau que je peux offrir et dans cet esprit, j'avance alors avec lui, illuminant tous deux nos chemins respectifs d'une multitude d'étoiles filantes... Le confinement bouscule mes habitudes, mes certitudes. Il est l'occasion d'une introspection révélant alors ce que j'avais oublié...
Toutes mes habitudes, tous mes rituels ont volé en éclat. Je me rends compte à quel point j'étais enferré dans des comportements dont.. je me passe facilement. Sans aucun effort. J'avais développé une forme de dépendance à ce que je croyais bon ou agréable, me rendant la vie inconfortable ou agaçante si je ne répondais pas à une pulsion d'achat ou bien à un morceau de gâteau. "Ça, jamais je ne pourrai m'en passer !".. Bah si, aujourd'hui, je n'ai pas le choix et je m'en passe beaucoup plus facilement que ce que j'imaginais. Au passage, je prends conscience des efforts ou de l'adaptation qu'il me fallait déployer pour assouvir mes envies. Un plaisir entouré de beaucoup de contraintes, de désagréments, de compression du temps, de stress, d'énergie dépensée à travailler pour m'offrir quelque chose... Aujourd'hui, les choses vont de soi. "Privé" de ma liberté de consommer ou d'agir comme je le faisais auparavant, je me recentre alors sur un rythme différent, plus doux, il faut bien le reconnaître. Je ne suis plus dans la contrainte d'une organisation ou d'une anticipation pour générer la satisfaction d'une félicité immédiate, provoquant parfois des remords ou de la culpabilité bien plus durable que la fugace jouissance. Combien d'inconfort me fallait-il supporter pour me procurer un bonheur éphémère ! Ce qui a changé, c'est que je suis aujourd'hui dans la liberté de ne plus m'organiser, de ne plus contorsionner mes journées pour répondre à une envie. Je crois que je me cassais vraiment la tête à courir après une accumulation de petites joies.. qui aujourd'hui ne me manquent pas. Elles ne sont plus le sujet. Mon plaisir réside aujourd'hui, non plus dans la satisfaction de mes caprices et envies, mais davantage dans l'absence de poursuite frénétique de mes desiderata. Je ne suis plus esclave de cette course aux réjouissances. Pour combien de temps ? Découvrant alors la simplicité de l'existence, j'expérimente la fameuse sobriété heureuse de Pierre Rabhi. Honnêtement, je crois qu'il m'est facile de l'apprécier car je ne manque de rien. Pourtant, hier encore, je considérais ma vie comme relativement simple et je constate qu'aujourd'hui elle l'est davantage. Hier encore, je ne manquais "encore moins" de rien.. Et pourtant, en retirant ces couches de consommation, de pulsions assouvies, d'énergie déployée, je ne manque toujours de rien... Jusqu'où cela pourrait-il aller ? Alors demain ? Vais-je continuer de croire que mon bonheur réside dans l'accumulation de plaisirs engendrés par l'achat d'un vêtement, d'une télévision, par une interview dans un média national, par la popularité d'un article ou le nombre d'avis favorable reçu sur la page Google ? J'espère que non, car tout cela m'écarterait de ce que je découvre aujourd'hui, une existence consacrée, non pas à la chasse aux plaisirs mais à la découverte de ce qui compte vraiment, de mon essentiel. Et cela, je le crois, vaut tous les plaisirs du monde, et j'y consacre toute mon énergie ! Le confinement bouscule mes habitudes, mes certitudes. Il est l'occasion d'une introspection révélant alors ce que j'avais oublié...
Quel contraste entre le calme de nos rues et l'effervescence des centres hospitaliers. L'immobilité de nos mouvements et l'action urgente et frénétique de nos soignants... Ecouter les oiseaux, le bruit du vent dans les feuilles et imaginer le chaos des salles de soins, des respirateurs, alarmes en tous sens, cris ou ordres vociférés autour d'un malade... Comme s'il y avait une façade endormie, tranquille, des sons harmonieux, des bruits étouffés et de l'autre côté, l'excitation, le chaos pour la survie... Deux aspects opposés d'une seule réalité, celle d'un danger remettant en cause nos façons de vivre, nos priorités et le sens de ce que nous faisions... avant. Plus étonnant encore, ce que nous vivons dans le monde est reproduit à l'échelle d'un continent, d'un pays, puis d'une région, d'une ville... de notre maison et de nous-même. Une véritable figure fractale où l'infiniment grand ressemble tant à l'infiniment petit. Quand le monde entier ressemble à ce que nous sommes intimement. "Je suis partagé..."... "une partie de moi pense que... tandis que l'autre...", j'ai un côté sombre et pourtant j'essaie de laisser transparaitre autre chose...". Bref, à l'image de nos rues tranquilles et du chaos quelques mètres plus loin, cette crise ressemble étrangement aux déchirements intimes que certains d'entre nous connaissent depuis si longtemps... Le coronavirus devient alors le miroir de ce que chacun peut vivre dans ses paradoxes, dans son déchirement, dans son mal-être d'une existence partagée entre plusieurs facettes - a priori - paradoxales :"je suis tout et son contraire !"... Un miroir qui reflète et grossit ce que nous sommes... Alors au niveau du monde, je ne sais pas, mais à un niveau plus personnel, l'une des façons d'aborder cette crise peut justement consister à observer nos paradoxes, ces facettes opposées, et, davantage que de les lisser, les gommer ou les faire disparaître : apprendre à les aimer, les accepter, reconnaitre leur existence plutôt que de faire semblant, comme si elles n'existaient pas... Il ne sert à rien de les étouffer, car tôt ou tard, les évènements du quotidien nous les rappellent - parfois violemment. "L'intelligence consiste dans la connaissance des autres, alors que la vraie sagesse consiste dans la connaissance de soi." Lao Tseu Le confinement bouscule mes habitudes, mes certitudes. Il est l'occasion d'une introspection révélant alors ce que j'avais oublié...
Je découvre ou redécouvre les réseaux sociaux ! Et pour une fois, je reconnais qu'ils favorisent le maintien de liens entre amis ou au sein de la famille. Un mot pour prendre des nouvelles, facilement.. Penser à untel et lui dire de prendre soin de lui. Les réseaux sociaux servent enfin à ce qu'ils devraient être (ce n'est que mon mon humble avis) : faciliter les relations. Le temps du confinement, je réserve plus d'espace à prendre des nouvelles de ceux qui me sont chers. Je téléphone beaucoup, j'envois un SMS, un clin d'oeil sur des plateformes de messagerie. Je crois que je n'ai jamais eu autant de contacts sociaux, à distance certes, qu'en ce moment. Voilà qui fait du bien ! L'humour est aussi présent dans tous ces liens, toutes ces pages, ces fils, stories... Des blagues, des calembours permettent de rire, de nous, de nos vies confinées. Cet humour nous offre la possibilité de prendre aussi de la distance avec nous, avec nos peurs, nos humeurs. C'est à cela que sert ce déferlement de vidéos mondiales, nous faire faire un pas de côté pour regarder différemment ce qui nous arrive.. et en rire de bon coeur, sans moquerie. J'aime donc passer un peu de temps à lire les témoignages faussement excédés et ironiques de ces mamans racontant leurs déboires, ou les géniales trouvailles de certains pour passer le temps ou contourner l'enfermement.. Tout cela contribue aussi à nous relier les uns aux autres, à partager un instant positif dans ce flot ininterrompu d'informations si sombres. Cette période est une période où l'on prend soin les uns des autres. Juste par un mot, un SMS, une blague, un message sur le répondeur. Nous nous relions aux autres en parlant au voisin au travers de la clôture ou de fenêtre en fenêtre... J'ai même l'impression que le dialogue est plus présent dans les supermarchés, entre clients , avec les vendeurs masqués. J'apprécie de retrouver la simplicité de se parler... quelque chose qui, je le crois, avait un peu disparu de ma vie. Le confinement bouscule mes habitudes, mes certitudes. Il est l'occasion d'une introspection révélant alors ce que j'avais oublié...
Quelle drôle d'expérience que celle de vivre au jour le jour sans aucune certitude du jour d'après.. J'étais pétri de croyances, d'assurance, j'imaginais savoir et maîtriser - plus ou moins - mon lendemain, tant sur le plan de la santé, de la famille que sur celui de mon activité professionnelle. Et puis un virus, microscopique, a cassé radicalement ce que je pensais connaître, ce qui constituait mes repères. Je ne sais pas à quel point ma vie va évoluer et je ressens comme elle sera différente de ce que je connaissais - dans mon rythme professionnel, mes revenus et aussi et surtout, dans mon rapport aux miens, à moi. Que vais-je devenir ? Je n'en sais rien... Qu'allons-nous devenir ? Je le sais encore moins ! Dans cette incertitude, je me raccroche au présent. Imaginer l'avenir me semble bien périlleux. Tout comme vous, je n'ai aucune idée de la façon dont nous vivrons dans les mois à venir. Je n'ai même plus de certitude sur ma santé, observant comme l'impensable semble cueillir certains de nos voisins, de nos proches ou tous ces inconnus qui nous ressemblent tant. Et pourtant, je me sens vivant, plus vivant que jamais. D'autres sont partis sans l'avoir demandé, d'autres ont souffert sans l'avoir mérité, le virus tuera encore. Et je suis vivant, et ceux que j'aime le sont également. Alors, je (re)découvre la fragilité de l' existence, une fragilité qui rend humble - forcément... et, paradoxalement, une fragilité qui rend aussi plus fort, pour s'adapter, vivre l'instant, l'essentiel, respirer encore davantage cet air qui manque tant à certains. L'incertitude quant aux lendemains me plaque au présent, dans la réalité de mon existence, de ma fragilité. Ne pas savoir devient le luxe de ma vie conjuguée au présent, à l'impératif aussi. Un luxe qui m'avait échappé durant tant d'années, que j'apprends à aimer... et qui, petit à petit, prend la place de mon besoin viscéral de maîtriser l'avenir. Ce confinement me permet de ne plus dépendre de ce qui n'est pas encore. Il me donne l'occasion de revenir au présent, sans aucune science du lendemain, me concentrant alors sur l'essentiel, sur ce qui me semble sans appel, cette lumière intérieure, qui m'éclaire à chaque pas et qui, en cet instant, me permet de regarder autour de moi et en moi. Mes certitudes quant aux objectifs chiffrés, aux buts à atteindre me paraissent bien futiles aujourd'hui, elles ont disparu, instantanément, car ne dépendaient pas suffisamment de moi. Alors je me déploie sur l'immédiateté pour me rapprocher plus encore, à chaque instant, de ce que je veux être, de celui que je veux devenir tout au fond de moi... Le reste suivra. Ou pas... mais dans tous les cas et à défaut - peut-être - d'avoir, je serai ! Le confinement bouscule mes habitudes, mes certitudes. Il est l'occasion d'une introspection révélant alors ce que j'avais oublié...
Quelle joie de regarder les rideaux voler, les voiles légers déployer leur grâce au rythme des souffles d’air s’engouffrant dans les fenêtres ouvertes. Laisser le soleil gagner le coeur de la maison, observer son chat, son chien, allongé dans un trait de lumière chaleureuse. Les fenêtres ouvertes m’appellent à regarder au loin, ouvrir mon regard à l’observation scrupuleuse de ce paysage si familier. Scruter chaque détail en prenant le temps d’apprécier, de réfléchir, de me plonger dans ce que je n’observais plus. Entendre la maison vivre ou revivre, les portes claquer pour mieux conserver ce souffle d’air si vif et réconfortant. Les fenêtres ouvertes me plongent dans la contemplation d’un horizon, en face, à gauche, à droite, en bas ou tout en haut. Elles m’autorisent à porter ma vue au delà de ce que je connais, au delà de ce que je m’autorise.. A faire l’expérience de l’aventure intérieure. Les fenêtres ouvertes font entrer cet oiseau courageux dans ma chambre, un tour et puis repart, comme le clin d’oeil d’un ange m’encourageant à ralentir le temps. Les fenêtres ouvertes créent l’écho du chant des oiseaux, du bourdonnement des insectes, de l’instant figé ou rien d’autre que ce qui est n’est important. Mes fenêtres ouvertes me concentrent sur l’essentiel, le souffle de cet air traversant mon chez moi, comme mon corps, diffusant la vie, dans chaque partie de ce que je suis. Elles me ramènent aux bonheur du quotidien, comme celui du linge séchant au soleil. De temps en temps, j'entends par mes fenêtres le murmure des applaudissements de mes voisins se regroupant à 20 heures, un bruit qui ressemble au son rafraichissant de l'eau d'une cascade, alors je me sens relié, connecté à ceux que je ne vois pas... Regardant, sûrement comme d'autres, dans la même direction, celle de l'infini du ciel. Je m’amuse alors, installé sur le rebord de ma fenêtre, à m’interroger : « en cet instant, de quoi ai-je vraiment besoin pour mon bonheur ? ». Lorsque mes besoins fondamentaux sont assouvis, ma nourriture, un toit, une liberté que beaucoup nous envient, alors de quoi aurais-je besoin, encore, là, en cet instant, pour me sentir encore plus rempli de ce bonheur simple ? Je découvre alors, abasourdi, sonné par la révélation, qu’en cet instant, je n’ai besoin de rien d’autre pour me sentir vivre dans le bonheur, qu’en cet instant si simple, je n’ai plus besoin de courir après le bonheur. Juste m’arrêter pour le cueillir, et me dire qu’ici et maintenant, tout va bien, très bien même... |
Details
Archives
Mars 2025
Catégories
Tous
|