Ce matin, un manteau de brouillard couvre la ville. Les détails s'estompent, les sons disparaissent, et la couleur s'envole. Dans la brume règne l'incertitude, du moins la surprise. Tout apparaît au dernier instant, une silhouette, vague, se précise sur le trottoir, une lumière rouge annonce le feu arrière d'un bus.
Comment me repérer dans l'invisible ? Comment prévoir ? Moi qui aime tant maîtriser, j'affûte mes sens, renonce aux automatismes et avance, plus conscient que jamais de ce qui m'entoure, là, à portée de corps. Forcément, chaque pas précède l'autre, aucun autre projet dans l'épaisseur matinale, que de me concentrer sur mon pas. Le brouillard me ramène au sol, ici et maintenant. Plus tard, nous verrons bien. Parfois, la brume est intérieure, une densité de pensées, une saturation de ressentis, d'émotions. Du "trop", partout du "trop". Et puis "pas assez" de temps, "pas assez" de disponibilité, "pas assez" de tout... Le bordel, quoi. Écartelé entre un monde "trop" et "pas assez", mon monde il faut bien le reconnaître, peut-être alors me souvenir de ce matin cotonneux, lorsque le brouillard, cadeau de la nature, me rappelle à quel point il est essentiel de regarder tout autour de moi, de me concentrer sur mon pas, là, dans l'instant et que plus tard, sera toujours plus tard, nous verrons bien.
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N'avez-vous jamais entendu ces personnes proposant de vous accompagner à offrir au monde la meilleure version de vous-même ? Cette expression me laisse dubitatif, songeur même. En effet, si je ne suis pas dans la meilleure version de moi-même, où suis-je ? Dans la pire ? Au milieu ? Suis-je même dans une version de moi-même ? Et si oui, laquelle exactement ? Celle que l'on attend de moi ? Celle que je suppose répondre aux attentes du monde ?
Derrière cette notion de "meilleure", se cache l'idée d'une performance, du "plus que", une forme d'exigence mortifère qui pousse à l'insatisfaction permanente de ce qui est, de ce que je suis. A courir après le "plus", je nie ou fuis ce que je suis ou ce que je crois être. J'évolue alors dans une négation de moi-même, courant vers un autre moi dont le meilleur, aux contours flous, me pousse forcément à toujours plus... Mais où commence le meilleur ? Toujours plus tard et jamais maintenant, jamais présent... Alors s'il fallait offrir au monde quelque chose, je crois que qu'il se contenterait d'un présent justement, le vôtre. Ici et maintenant. |
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Mars 2025
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