L’autre matin, alors que nous échangions, ma cliente et moi, sur sa séance, elle me demanda de but en blanc :
- "mais c’est quoi l’hypnose au juste ? ». En voilà une bonne question ! Une question que je me pose tous les jours, oubliant mes "certitudes" et les théories apprises des années plus tôt en école de formation. Plus je pratique et plus les contours de l’hypnose s’élargissent. Les frontières entre ce qui relève de l’hypnose et le reste me paraissent de moins en moins claires… vaporeuses pour le moins. La réponse la plus simple serait de définir l’hypnose comme un état modifié de conscience dans lequel la personne peut relever les manches et commencer à "travailler". Plus profondément. Pourtant, l’état modifié de conscience existe sous bien des formes ! Sous l’emprise de l’alcool par exemple, d’une drogue, d’un médicament, au cours d’une expérience transcendantale, dans la pratique du sport, dans le flow, cet état de concentration si particulier… Bref, les états modifiés de conscience sont nombreux et ne correspondent pas tous à l’état de transe recherché au cours d’une séance. Pour ma part, je décrirais davantage l’hypnose comme un état provoqué pour… aller à notre propre rencontre. C’est un lieu de rencontre, entre moi et moi... entre autres. Entre ce qui relève de la conscience et tout le reste. C’est un lieu dans lequel nous nous appuyons sur l’imagination pour découvrir d’autres façons d'agir ou de réagir, de ressentir, de penser… L’hypnose n’est pas qu’un état psychique. Il est vrai que nous travaillons sur la dissociation entre le conscient et l’inconscient, ce que nous croyons contrôler et le reste, entre la douleur et le corps, par exemple. L’état dissociatif a l’avantage de lever certains blocages : pendant qu'une partie "consciente" coupe les cheveux en quatre sur l’objet d’un focus, alors elle empêche moins la partie inconsciente, celle que nous ne maîtrisons pas, celle qui est « plus forte que nous », d’agir d’une autre façon. Mais ce n’est pas toujours suffisant. Je rappelle que conscient et inconscient, c’est toujours en nous-même et l’un n’est pas l’ennemi de l’autre. Lorsque la personne se plaint, se raconte - n’y voyez rien de péjoratif - elle répète sans cesse les schémas enfermants contre lesquels elle dit lutter et surtout dans lesquels elle installe son histoire, une partie - parfois envahissante - d'elle même. Comme un cercle vicieux, mortifère. N’oublions pas que le monde n’existe qu’au travers de nos sens, de ce qu’ils captent et de la façon dont nous interprétons ces signaux, avec nos mots. L’hypnose est alors la possibilité de sortir de la plainte en ouvrant la porte d’une prison mentale dont le client n’a pas toujours conscience. C’est l’expérience d’un autre horizon, l’apprentissage d’autres solutions. Pour que cette expérience soit la plus convaincante possible, nous utilisons alors les ressorts de la sensorialité. Le corps devient la clé, un sas permettant de sortir de nos schémas inconscients qui nous plongent dans la répétition de mécanismes douloureux. L’hypnose permet de faire l’expérience de la corporalité. Au fil des années, je découvre que l’hypnose est plus large que ce que je pensais en débutant. Je n’ai pas fini d’apprendre ! Je crois intimement qu’elle est quelque chose de plus vaste et profond que cette rencontre en nous-même. Du reste, comment savoir que ce qui est en moi, est bien en moi ? Lors d’une régression - et l’hypnose, quelque part, est toujours une régression vers un moment, un lieu où le fonctionnement est différent - le client se connecte à un monde qu'il explore par les sens en éveil. L’imaginaire et le réel se confondent. Où se situe cet imaginaire ? Certainement pas dans les mots de l’hypnotiseur. Dans la tête du client ? Ailleurs ? Cet ailleurs est-il une autre réalité ? Où, quand se situerait-elle ? En voilà des questions… Il est évident qu’au fil des expériences, je suis fasciné par le fait que des personnes se connectent spontanément à d’autres temps, et les détails sont impressionnants de justesse, à d’autres lieux - souvent inconnus - où la description du décor est si réaliste, à d’autres savoirs et parfois… à moi-même. Oui, en séance d’hypnose il m’arrive de partager les mêmes visions, ressentis que mes clients. Alors que se passe t’il ? S’agirait-il au fond d’une rencontre plus large ? De l’exploration d’autres dimensions dans laquelle l’égo (ce qui me sépare du reste et parfois de moi-même), la conscience de soi s’élargit à l’infini ? Alors qu’est-ce que l’hypnose ? Je crois qu’avant tout, c’est un accès à d’autres réalités, un accès quantique, chamanique, ésotérique, psychique, physique.. je ne sais pas, je ne connais pas le mot - je crois du moins qu'il serait trop réducteur. Un peu tout cela peut-être. C’est surtout un accès direct à ce qu’il y a de plus profond en moi et cette profondeur me semble sans limite, souvent au delà de moi-même.
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Juillet 2024
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