Beaucoup de personnes reçues au cabinet, évoquent un deuil douloureux. Une souffrance permanente ou récurrente résumée en une phrase : « je n’arrive pas à faire mon deuil».
Il y aurait donc une façon de faire son deuil : traverser des étapes successives pour finalement accepter la mort de l'être cher et prendre de la distance. Ces étapes normées placent souvent le vivant dans une injonction paradoxale : "je souffre encore alors que je devrais être passé à autre chose depuis belle lurette". Mais passer à quoi exactement ? Lors des jours qui suivent le décès, le mort est d’une certaine façon encore vivant. L’on se met à sa place pour déterminer ce qu’il aurait souhaité, on imagine alors ce qu’il aurait apprécié, les textes, les musiques, les témoignages. Les proches défilent et racontent une anecdote, leur anecdote, leur bout d'histoire, ce qui permet à chacun de découvrir une facette du défunt que l’on ne connaissait pas, d’en avoir une vision plus complète. Les funérailles apportent une densité au mort. Notre connaissance du mort est plus fine, nous le découvrons sous un jour différent. Notre rapport à lui s’en trouve modifié - à jamais. Quand je pleure le défunt, c’est aussi une partie de moi qui meurt. Celle de ma relation passée, de ce que j’étais avec l’autre. Je ne pleure donc pas seulement ce que j’avais mais aussi ce que j’étais. L’acceptation de la mort de l’autre ne suffit pas toujours pour soulager ma peine et la perte de ce que j’étais en sa présence. Durant les mois et les années qui suivent, le mort prend une place différente. Du moins, je lui laisse une place qui évolue au fil du temps. Elle peut être bordée de doutes, d’incertitudes. Parfois dans le surnaturel, dans la spiritualité, dans la complicité sincère, dans la reconnaissance d’un signe, dans le fait de lui parler, je sombre après dans la rationalité la plus brutale, évoquant l’absence sans retour et la certitude de la mort, le néant, le vide. Une oscillation morale qui me plonge dans le désarroi : "ai-je réellement fait mon deuil ?". L’injonction "faire son deuil" impose une vérité, difficilement conciliable avec le doute de nos expériences. Pourtant, les morts ont un pouvoir, la puissance de nous faire agir. Quand ma grand-mère, de son vivant, me donnait un conseil, je l’écoutais peu. Si je rêve de ma grand-mère défunte me donnant un conseil, alors je l’écouterai probablement davantage. Devrais-je être sourd à mes ressentis, mes rêves, les balayer d’un revers de main et suivre les jeunes enseignements issus du scientisme et de la médecine moderne ? Dans mon deuil, je souffre parfois du regard de l’autre, des autres. Puis-je continuer à afficher ma tristesse ? Combien de temps ? A partir de quand puis-je m’autoriser à danser et à rire sans choquer, sans être jugé ? A partir de quand puis-je à nouveau tomber amoureux ? Les rituels codifiés - qui aujourd’hui ont totalement disparu de notre société occidentale - servaient à cela, à fixer des repères précis, comme des parapets auxquels l’on pouvait s’agripper pour ne pas tomber dans le gouffre du vide. Parfois étouffants, ils ont disparu et aujourd’hui, un salarié endeuillé reprendra son travail au bout de trois jours. Comme si de rien n’était ? "Oui, ce serait mieux pour l’entreprise et les collaborateurs… Et puis quoi, la vie continue !" Le deuil renvoie, étymologiquement, à dolore, la douleur. Au fond, l’injonction « faire » nous place dans la nécessité d’une action alors que peut-être l’expression « laisser faire le deuil » serait plus juste. Passer de la fuite à l’accueil de la douleur pour l’intégrer, la reconnaître et - au fil du temps - constituer le début d’un soulagement, qui jamais ne transformera le passé. Plus je m’agite pour échapper à ma douleur et plus elle se rappelle à mon bon souvenir, me cueillant dans la tristesse des journées anniversaire ou se révélant dans les détails les plus futiles du quotidien. Un effet boomerang, dévastateur. Alors je ne sais pas si l’hypnose permet d’aider à "faire son deuil ». Au fond, je ne comprends pas cette expression. En revanche, je considère qu'elle est un formidable outil pour créer un lieu de rencontre entre soi et soi, pour observer et construire un lien nouveau avec cette partie de soi qui aurait disparu ou qui souffre, un nouveau lien aussi avec le mort, un lien qui permette d’honorer pleinement ce que nous sommes, dans l’acceptation inconditionnelle de ce que nous ressentons et vivons dans le secret de l’intimité. Un lien si profond qu’il peut contribuer à, enfin, cesser le combat intérieur pour s’apaiser et vivre avec sa souffrance. L’hypnose permet de réunir ses parties qui souffrent, de les densifier, comme l’on densifie le défunt lors des funérailles pour transformer la relation. Et certainement pas la gommer. C’est peut-être cela « laisser faire le deuil », vivre pleinement avec l’absence de l’autre et lui donner une présence par ce lien unique et précieux que tissait notre relation d’amour.
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"Pendant toute mon enfance, j’ai été rabaissé, sujet à de nombreuses critiques. Je me suis senti rejeté et n’ai pas vécu dans la bienveillance. Aujourd’hui, j’en garde quelques traces, je n’ai pas confiance en moi, et j’ai tendance à me croire insignifiant, surtout lorsque je me compare aux autres… »
Arff, les ravages du passé, où l’écho des blessures vibrent encore, plusieurs dizaines d’années après. J’entends très souvent ce type de témoignage chez des personnes souffrant d’une estime de soi en berne. Elles se jugent systématiquement inférieures à tout ce qui peut les entourer, médiocres dans leurs actes, quels qu’ils soient. Bien sûr, chacun reconnait et admet l’existence d’un modèle d’amour déficient dans lequel ils ont grandi ou évolué, chacun sait que les paroles d’un parent/conjoint violent ou étouffant étaient absurdes, fondées sur du vent, et pourtant… Ces paroles, ces actes sont devenues le ferment d’une « vérité » que l’on appelle « identité ». Je me forge une identité sur la base de ce que j’ai entendu, compris, ressenti, vécu. Et si l’on me répétait sans cesse tel ou tel propos, il est probable qu’une partie de moi-même l’ait intégré et admis comme étant une vérité. Et je sais pourtant que c’est faux, injuste, stupide… Alors sans trop m’en rendre compte, même si j’ai quitté un cercle malveillant (souvent familial), même si j’ai grandi, même si mon comportement est différent avec mes enfants, mes proches, si je leur apporte de l’amour, de la bienveillance, il est possible que malgré mon évolution, je reste enfermé dans un déficit d’estime ou de confiance en moi. Je me crois nul, quoique je fasse et je me répète à longueur de journées que je ne vaux rien… Dur dur. Quelque part, me répétant sans cesse combien je suis médiocre, je reste fidèle à la parole de ceux qui m’ont rabaissé lorsque j’étais plus jeune. Bizarre, non ? Je donne raison à la personne violente en conservant ses attitudes vis-à-vis de moi-même. En d’autres termes, j’ai connu la violence dans mon passé jusqu’à l’âge où je suis parti. Et depuis, je connais la violence des insultes et rabaissements systématiques que je m’inflige au quotidien, comme cela, sans même m’en rendre compte. Alors chercher dans le passé les raisons pour lesquelles aujourd’hui je vais si mal est une piste intéressante, mais malheureusement pas suffisante. Je ne suis pas que le résultat de mon passé, je suis aussi le résultat de mes pensées, et elles, sont bien présentes, aujourd’hui. Je suis donc le résultat de mon présent. Et depuis bien plus longtemps que mon passé révolu. Chaque pensée est une émotion. Nous avons environ 60.000 pensées par jour. Si je suis parcouru par 500 pensées sombres et violentes vis-à-vis de moi, chaque jour, je vis alors l’équivalent de 500 émotions sombres et violentes chaque jour (il semblerait qu'elles soient bien plus nombreuses). Depuis si longtemps. Comment vais-je pouvoir classer le passé si je l’enfouis sous une multitudes d’émotions toutes aussi violentes chaque jour ? Allons un peu plus loin. Vais-je mal aujourd’hui à cause du passé ? Ou bien plutôt à cause de la façon dont je me traite, aujourd’hui… sans m’en rendre compte ? Il est possible d’agir sur ses pensées. Devenez observateur de vos pensées. Notez-les, rééduquez-les. Teintez-les de vérités lumineuses. Soyez juste et surtout, arrêtez d’honorer la parole de ceux qui vous ont tant fait souffrir. J’aurai grand plaisir à vous accompagner dans ce processus et vous invite à me contacter au 07 69 93 33 18 pour tout renseignement complémentaire. A très vite ! Chaque rencontre est unique, chaque séance se révèle différente de la précédente. Nous portons en nous ce caractère de singularité et pourtant, nombreux sont ceux qui luttent contre cette dernière, rêvant de devenir « normal » ou « comme les autres… », rêvant de faire taire ces parties qui saignent à l'intérieur et souffrent en criant silencieusement.
Une guerre impitoyable, sans merci, contre vents et marées. Une guerre menée parfois depuis de longues années. Contre soi, d'abord. Une arme de destruction intime s’avère très efficace : le jugement intérieur. Petite voix insidieuse qui ne laisse rien passer. Il existe aussi les processus d’auto-sabotage, les schémas répétitifs, les pulsions, les phases de déprime, les blocages…. Une longue liste créant un fracas épouvantable auquel l'on s’habitue au fil du temps, une fatalité contre laquelle, lutter, ne sert plus à rien. Beaucoup de personnes venant au cabinet sont des traumatisés de ce conflit intérieur. En guerre, violente et silencieusement hurlante depuis si longtemps, elles viennent chercher un cessez-le-feu. Une accalmie, un apaisement. Oh, rien de spectaculaire, juste l’expérience du repos, de la paix intérieure, de l’harmonie. C’est cela l’expérience la plus fondamentale de l’hypnose : se retrouver dans un espace différent, un no-man’s-land et vivre par sa sensorialité une rencontre entre soi et soi. L’hypnose est un espace de rencontre. De re-découverte. Un espace de poésie aussi. Entrer dans un état d’hypnose, revient à lâcher ses armes pour expérimenter une approche plus satisfaisante. Nouvelle, forcément. Or lâcher ses armes est probablement l’étape la plus décisive. Cela s’appelle aussi le lâcher-prise ou abandonner tout projet de maîtrise sur le temps et les évènements, sur le corps aussi et les pensées aussi. La magie est là, ne rien attendre, ne rien espérer, ni même un résultat, et s’ouvrir à tout pour laisser monter l’ensemble des ressources et forces vives qui sont en nous, celles qui recréent du lien, entre nous et nous. Le praticien en hypnose n’est rien d’autre que le dépositaire de ces armes « Tu peux y aller en confiance… ». Mais les mots ne suffisent pas à créer ce rapport de confiance, une intention pure, une relation pure, un rapport rempli parfois de silences, de regards, d’une respiration tranquille, de rires aussi - de vérités toujours - sont le ferment de cet abandon à soi. Alors, dès que la personne ferme les yeux spontanément pour s’abandonner à l’aventure de la paix, sans le savoir vraiment, elle vient d’accepter l’idée d’enterrer la hache de guerre et commence à fumer le calumet de la paix. Je ne travaille que pour ce moment-là. La prise de rendez-vous n’est pas systématique, et il m’arrive parfois de décliner, poliment toujours, une demande s’appuyant sur… l’attente d’un miracle. Hélas, je ne sais pas faire de miracle. Mon nom est Pierre, pas Jésus.
En quoi consiste ce miracle ? A faire bouger quelque chose chez une personne qui n’a pas envie de changer, qu’elle le sache ou non. Et si changement il y a, il doit être bien sûr immédiat, radical, définitif et facile à vivre. Rien de trop impliquant… Je me doute que l’on vient plutôt me voir pour créer un changement dans sa vie, il est à la base de notre échange. En revanche, lorsque que la personne exprime qu’elle n’a aucune volonté à changer, qu’elle se repose, d’une certaine façon, sur la magie de l’hypnose - à laquelle, du reste, elle ne croit pas - je crois inutile d’aller plus loin. Je m’interroge alors sur sa démarche, sur sa réelle motivation, et je constate souvent, qu’existe une culture de la consommation du bien-être ou du miracle attendu qui ne nourrit que frustration et colère. « Je n’ai pas envie d’arrêter de fumer, je n’en ai pas la volonté, du reste, je n’ai jamais essayé d’arrêter… mais je viens tenter, si ça marche, se sera toujours 300 euros d’économisés par mois… ». Lorsque les propos sont aussi clairs, je décline poliment. C’est facile. Parfois, le discours camoufle plus subtilement l’intention réelle de la personne, l’envie de vivre une expérience d’hypnose l’emporte sur la sincérité de la démarche du client ou bien celle, plus insidieuse, de se prouver qu’aucune solution n’existe à son mal. Enfin, d’autres ont si peur de perdre ce qu’elles croient être leur identité qu’elles font tout pour garder la maîtrise… du mal-être… Et souvent, dans ces cas, le « miracle » n’a pas lieu… Le miracle est aussi de croire qu’une séance de quelques minutes met fin à plusieurs années de dépression, d’anxiété, de manque de confiance en soi, de relation problématique à la nourriture. Non, il est souvent nécessaire d’y revenir, de relever les manches, de renforcer les acquis, d’apprendre à utiliser son énergie différemment, calmer les colères, soulager les peines, changer son regard sur soi, sur sa vie, sa place dans le monde. Un claquement de doigts ne suffit pas toujours. Il en faut plusieurs. Je ne dis pas que le travail s’étend sur des années, mais espérer dans ces cas qu’un seul rendez-vous suffira est illusoire. Nous façonnons le bien-être, comme dans l’atelier de l’artisan. Pour autant, peut-être paradoxalement, je ne fixe jamais de deuxième séance à l’issue de notre première rencontre. Non, j’attends que le client revienne vers moi. Je le considère responsable de son changement. Je sais juste que s’il s’engage sincèrement dans sa démarche, alors le changement a toujours lieu. Parfois, c’est vrai, une seule séance peut suffire à créer l’impulsion du changement, à soulager une détresse, retrouver l’énergie pour donner un coup de pied au fond de la piscine, s’affranchir d’une phobie ou d’une dépendance. Cette impulsion, en soi, peut changer radicalement le rapport de la personne à ce qui l’empêche d’avancer, de se sentir libérée. Mais parfois, cette étincelle, ce regain d’énergie ne suffisent pas totalement. Il est alors nécessaire de l’alimenter, de bâtir, de construire, de la consolider… C’est cela mon métier. Souvent, il m’est demandé combien de séances seront nécessaires pour atteindre tel ou tel objectif. Je n’en ai aucune idée. Je ne sais pas, alors par éthique personnelle, je me refuse de proposer des forfaits incluant plusieurs séances – je me suis exprimé sur ce point. Avançons pas à pas. L’hypnose ou le développement personnel est aussi une affaire de maturation. D’évolution au fil du temps, rien à voir avec l’impatience capricieuse d’un changement immédiat. Si vous lisez régulièrement ce blog, vous savez que je la considère davantage comme une évolution philosophique, intime… de l’intérieur, une rencontre entre soi et soi. Rien à voir, là non plus, avec un changement de surface ou d’attitude dénué de profondeur. Pour que le changement dure dans le temps, il est nécessaire de l’intégrer au plus profond de la personne. Et encore une fois, les protections inconscientes sont parfois si puissantes qu’il est judicieux de prendre le temps, de s’y reprendre même, dans la bienveillance et le respect inconditionnel du client. Respecte-t’on une personne lorsque l’on entame un processus de changement contre sa volonté la plus intime ? Alors parfois, les déceptions existent, elles s’expriment maladroitement dans un avis google, symptôme émergeant de cette terrible culture de la consommation du miracle, qui au fond, accentue l’impression de mal-être et de décalage que peuvent vivre certains. Je n’aime pas cette culture, elle ne correspond pas à mon approche. Souvenez-vous, l’hypnose seule ne fait aucun miracle. Vous seul(e) pouvez le réaliser et je ne cesserai de vous le dire en séance. Je lisais récemment quelques échanges houleux entre professionnels de l'hypnose sur ce qui relève de la science, de la preuve irréfutable et du reste. Eh bien mes amis, les avis divergent ! Les uns se traitant de charlatans, les autres d'illuminés.
Beaucoup de mes confrères se disent cartésiens... et n'ont jamais lu Descartes. Parce que s'ils l'avaient lu, ils auraient su que Descartes était croyant. Très croyant. Un ultra croyant même, un vrai bigot. Croyant à ce point, que toute son oeuvre philosophique est empreinte de son rapport à la religion. Cela ne me gêne pas, je me souviens juste qu'une personne se disant "cartésienne" vit sous l'influence de la philosophie de Descartes. Cette dernière étant articulée autour de la pensée et de l'existence. Tout d'abord, dans la pensée de Descartes, le doute est essentiel. Quelqu'un de cartésien doute parce que nous percevons le monde au travers d'une capacité limitée à nos cinq sens (plus quatre autres...). La réalité n'est donc pas toujours tangible, elle peut se cacher ailleurs, dans l'invisible (et là, je suis bien d'accord). Par ailleurs, l'altération du raisonnement peut nous induire en erreur notamment dans le cas d'épisodes psychotiques. Enfin, le rêve dissipe la réalité du corps et peut modifier notre perception de ce qui nous entoure. Autant de raisons de cultiver le doute en permanence. Mais le doute n'est pas une fin en soi. Pour Descartes, ce doute passe par la pensée. Sans penser, je ne suis pas. Sans douter, je ne suis pas. Je pense donc je suis (le fameux !). Et je doute quand je pense. Mais cette pensée, comment se créé t'elle ? Par mon expérience, mon savoir, ma culture... et tout ce que je sais sans savoir que je le sais. Et là, ça commence à être costaud. Je pense au travers d'un moule, d'une mécanique dans laquelle mes émotions jouent un rôle majeur. Ce que je crois être ma pensée est le résultat d'une alchimie entre mes émotions passées, ce que je crois savoir, ce que je ne sais pas savoir (on s'y perd !)... Bref, ma pensée est complexe et celle là même peut me faire douter. De tout. Descartes doutait de tout, certes... sauf de Dieu. Avait-il une preuve de l'existence de Dieu ? Pas plus que nous. Alors, très modestement, je pouffe intérieurement lorsqu'une personne se revendique - avec force et aplomb - être cartésienne... et vouloir des preuves scientifiques à tout bout de champ, y compris pour l'hypnose. Se dire cartésien, c'est exclure les émotions de sa pensée rationnelle, sans en avoir conscience évidemment. Et cela ressemble déjà à un phénomène hypnotique, l'exclusion de quelque chose qui est en soi pour créer sa propre vérité. Pour ma part, je n'ai pas de certitudes. Je doute beaucoup, surtout des preuves irréfutables qui me semblent parfois bien fragiles. Je doute aussi de moi, n'ayant malheureusement pas encore la preuve scientifique de mon génie :) Et plus j'avance moins je sais, et moins je sais plus je m'ouvre.. à tout. Et je crois que cette ouverture est la clé de mon approche. En tout cas je m'y sens bien. L’autre matin, alors que nous échangions, ma cliente et moi, sur sa séance, elle me demanda de but en blanc :
- "mais c’est quoi l’hypnose au juste ? ». En voilà une bonne question ! Une question que je me pose tous les jours, oubliant mes "certitudes" et les théories apprises des années plus tôt en école de formation. Plus je pratique et plus les contours de l’hypnose s’élargissent. Les frontières entre ce qui relève de l’hypnose et le reste me paraissent de moins en moins claires… vaporeuses pour le moins. La réponse la plus simple serait de définir l’hypnose comme un état modifié de conscience dans lequel la personne peut relever les manches et commencer à "travailler". Plus profondément. Pourtant, l’état modifié de conscience existe sous bien des formes ! Sous l’emprise de l’alcool par exemple, d’une drogue, d’un médicament, au cours d’une expérience transcendantale, dans la pratique du sport, dans le flow, cet état de concentration si particulier… Bref, les états modifiés de conscience sont nombreux et ne correspondent pas tous à l’état de transe recherché au cours d’une séance. Pour ma part, je décrirais davantage l’hypnose comme un état provoqué pour… aller à notre propre rencontre. C’est un lieu de rencontre, entre moi et moi... entre autres. Entre ce qui relève de la conscience et tout le reste. C’est un lieu dans lequel nous nous appuyons sur l’imagination pour découvrir d’autres façons d'agir ou de réagir, de ressentir, de penser… L’hypnose n’est pas qu’un état psychique. Il est vrai que nous travaillons sur la dissociation entre le conscient et l’inconscient, ce que nous croyons contrôler et le reste, entre la douleur et le corps, par exemple. L’état dissociatif a l’avantage de lever certains blocages : pendant qu'une partie "consciente" coupe les cheveux en quatre sur l’objet d’un focus, alors elle empêche moins la partie inconsciente, celle que nous ne maîtrisons pas, celle qui est « plus forte que nous », d’agir d’une autre façon. Mais ce n’est pas toujours suffisant. Je rappelle que conscient et inconscient, c’est toujours en nous-même et l’un n’est pas l’ennemi de l’autre. Lorsque la personne se plaint, se raconte - n’y voyez rien de péjoratif - elle répète sans cesse les schémas enfermants contre lesquels elle dit lutter et surtout dans lesquels elle installe son histoire, une partie - parfois envahissante - d'elle même. Comme un cercle vicieux, mortifère. N’oublions pas que le monde n’existe qu’au travers de nos sens, de ce qu’ils captent et de la façon dont nous interprétons ces signaux, avec nos mots. L’hypnose est alors la possibilité de sortir de la plainte en ouvrant la porte d’une prison mentale dont le client n’a pas toujours conscience. C’est l’expérience d’un autre horizon, l’apprentissage d’autres solutions. Pour que cette expérience soit la plus convaincante possible, nous utilisons alors les ressorts de la sensorialité. Le corps devient la clé, un sas permettant de sortir de nos schémas inconscients qui nous plongent dans la répétition de mécanismes douloureux. L’hypnose permet de faire l’expérience de la corporalité. Au fil des années, je découvre que l’hypnose est plus large que ce que je pensais en débutant. Je n’ai pas fini d’apprendre ! Je crois intimement qu’elle est quelque chose de plus vaste et profond que cette rencontre en nous-même. Du reste, comment savoir que ce qui est en moi, est bien en moi ? Lors d’une régression - et l’hypnose, quelque part, est toujours une régression vers un moment, un lieu où le fonctionnement est différent - le client se connecte à un monde qu'il explore par les sens en éveil. L’imaginaire et le réel se confondent. Où se situe cet imaginaire ? Certainement pas dans les mots de l’hypnotiseur. Dans la tête du client ? Ailleurs ? Cet ailleurs est-il une autre réalité ? Où, quand se situerait-elle ? En voilà des questions… Il est évident qu’au fil des expériences, je suis fasciné par le fait que des personnes se connectent spontanément à d’autres temps, et les détails sont impressionnants de justesse, à d’autres lieux - souvent inconnus - où la description du décor est si réaliste, à d’autres savoirs et parfois… à moi-même. Oui, en séance d’hypnose il m’arrive de partager les mêmes visions, ressentis que mes clients. Alors que se passe t’il ? S’agirait-il au fond d’une rencontre plus large ? De l’exploration d’autres dimensions dans laquelle l’égo (ce qui me sépare du reste et parfois de moi-même), la conscience de soi s’élargit à l’infini ? Alors qu’est-ce que l’hypnose ? Je crois qu’avant tout, c’est un accès à d’autres réalités, un accès quantique, chamanique, ésotérique, psychique, physique.. je ne sais pas, je ne connais pas le mot - je crois du moins qu'il serait trop réducteur. Un peu tout cela peut-être. C’est surtout un accès direct à ce qu’il y a de plus profond en moi et cette profondeur me semble sans limite, souvent au delà de moi-même. Se réunir ou s’isoler pour glisser d’un temps à l’autre.
Laisser derrière soi le passé, Puis, s’ouvrir à l’écho d’une nouvelle année. Recueillir la trace des évènements qui ont traversé les mois, Le sourire de ceux qui ne sont plus, Et les emporter doucement au devant de soi. Célébrer, souhaiter, pleurer, prier, crier parfois, Pour en choeur, espérer le meilleur, la douceur, Et se tenir prêt à la cueillir, encore une fois. La flamme intérieure, hier en sourdine, Mais qui toujours s’anime, lui laisser la voix, Et d'une étincelle, qu'elle devienne feu ardent. Alors juste relever la tête, Sourire au soleil levant, Se baigner de lumière. Battre son coeur entendre, Par l’épaule et la main se prendre, Et simplement, chère vie… t'accueillir. Bonne année 2021 à vous ainsi que tous ceux qui vous sont chers ! Voilà... je viens de recevoir mon premier avis négatif.
Disons-le franchement, cet avis m'a fortement contrarié, énervé, agacé (je pourrais continuer longtemps comme cela)... Mes premières réactions ne furent pas très zen, ni les deuxièmes du reste... J'ai imaginé 1001 façons de réagir, de me défendre, de condamner sans appel ce tissu d'inepties et de mensonges, de railler la facilité de l'anonymat, de crier à l'injustice... Bref, de hurler au complot ! J'ai longuement exprimé mon désarroi auprès des miens, ce que je ressentais, le découragement que ce message pouvait produire, de toute l'énergie consacrée à mon activité, "elle ne sait rien de mon investissement, de toute l'énergie que je produis à chaque séance ! Et maintenant, que vont penser tous ceux qui liront ce stupide texte, QUE VONT-ILS PENSER DE MOI !" Je me suis justifié, j'ai replacé dans le contexte. Et puis mon épouse (toujours très judicieuse) m'a posé la question suivante : "Comment se fait-il que tu nous parles autant de ce seul avis négatif alors que tu n'as jamais évoqué tous les autres, pourtant si nombreux et tellement positifs ?" OK, merci pour la question... Malgré des heures passées à la réflexion, à la formation, au développement personnel, à l'évolution spirituelle, j'observe que je reste émotionnellement attaché au jugement d'un tiers. Je note une forme de dépendance à l'image que j'émets, en tout cas au regard qu'elle peut produire. Moi qui croyait m'être débarrassé de ce fléau, j'ai encore du chemin à parcourir ! Alors j'ai relu l'avis négatif, j'ai fait abstraction des exagérations et des mensonges pour me concentrer sur le coeur de son contenu, l'émotion qui s'en dégageait. Et cette émotion, je ne peux la condamner, elle existe, elle est bien réelle. Alors que faire... ? La balayer d'un revers de main, me drapant dans l'orgueil, dans un égo malmené, ou bien considérer ce message comme une lumière, comme l'expression d'une vérité personnelle, de sa vérité, d'une attente à laquelle il m'est aujourd'hui donné de répondre. La nuit est passée, l'amertume également. Le lendemain, je ressentais même une forme de gratitude vis-à-vis de la personne qui avait rédigé ce message. Au fond, elle me donne l'opportunité de me rapprocher davantage de mon intention, celle d'accueillir inconditionnellement toutes les personnes qui me font l'honneur de m'appeler ou de franchir la porte de mon cabinet de thérapies brèves (bon, je ne lui ai pas dit, elle n'aura qu'à lire ce billet :) ! Et il est fort possible que sous la charge des demandes de ces derniers temps, je me sois quelque peu écarté de la façon dont je veux répondre aux sollicitations. J'ai également pris conscience que plus je cherche à contrôler l'image que j'émets, du moins plus j'essaie de contrôler l'image que vous recevez, plus je m'écarte de mon intention première : Contribuer à l'impulsion pétillante de légèreté et de soulagement dans vos vies. Cette impulsion passe par le respect inconditionnel de l'autre, par la bienveillance et je dois reconnaître que j'ai encore et toujours à travailler sur ce point. Pour le reste, je ne suis qu'un humain, je sais que je ne plairai pas à tout le monde, et aujourd'hui, j'apprécie de m'installer dans cette humanité ! Alors, même si je me serais bien passé de cette expérience, au moins dans sa forme, je reconnais que Pauline C. contribue - à sa façon très personnelle - de me faire progresser dans ma pratique. Alors à toi chère Pauline C, longue et belle vie ! Dans l'épaisseur d'un son, j'entends mon écho, profond.
Dans le repli d'un souffle, murmure l'âme, la vie. Sur le mur abrupt des mots, les silences accrochent les sens, rythment l'inspiration, atteignent l'essence. Dans le silence, intervalle secret d'un équilibre délicat, je découvre la pulsion d'un coeur. Dans le silence, pause salutaire de bavardages incessants, je me cueille et me recueille. Dans le silence, je suis, nous sommes, la danse et le jeu s'installent. L'art des mots, la pratique du silence et apprendre à se taire pour laisser faire. Amplifier le silence et laisser la magie opérer quand l'âme agit. En hypnose, souvent, le silence est plus riche que les maux révélés. Il est ce subtil courant d'air, celui d'une porte que l'on ouvre doucement sur une ressource, une solution, une sortie, une hypothèse... la possibilité d'un autrement. Les silences portent en eux la résonance d'expériences, cette trace que les mots ne décrivent pas profondément. Un écho sur des vibrations, des ressentis, une douleur parfois diffuse, venant d'ailleurs, d'autres moi, d'autre temps, d'incompréhensions, d'héritages aussi. Les silences sont le témoin de l'indicible, lorsque les maux dépassent les mots, soulignés par un regard subitement fixe, vague ou songeur. Les silences renferment tant de secrets. En séance, nous laissons au silence le temps d'être reconnu, écouté. Sortir du bruit parasite pour se retrouver, pour s'accompagner. Expérience surprenante pour certains, révélatrice pour d'autres, nous jouons les mots sur des partitions en silence majeur. Et lorsque soudain un silence s'impose, souvent, des pans entiers de croyances toxiques, jusque là fracassantes, s'effondrent naturellement pour laisser la place au renouveau. Celui d'un soulagement comme l'on soupire d'aise, en silence. C'est reparti pour un tour de confinement ! Certes, un peu différent cette fois-ci, les jours raccourcissent, le froid commence à lancer ses piques, les arbres se déshabillent et la pluie frappe régulièrement à nos vitres.
Un peu différent aussi car nous savons à quoi nous attendre, les supermarchés restent remplis de nourriture, nous manions avec "finesse" ("fourberie" serait exagéré !) l'utilisation des attestations et les enfants sont à l'école. Différent aussi car je n'entends plus les clameurs soutenant les soignants chaque soir. Pourtant, la situation semble échapper à toute maîtrise, nous les savons sous tension et de leur sort dépend aussi le nôtre. Aujourd'hui, j'entends de la plainte, et plus aucune considération pour les soignants - encore moins pour les malades. J'entends des débats sur ce qui est "essentiel", j'entends des corporatismes, des "coups de gueule", des gens pour, des gens contre... J'entends une belle cacophonie dont la dissonance me semble éloignée de la mélodie du printemps dernier. Dans mon cabinet, les distances sont respectées, le masque est porté constamment, les fenêtres ouvertes entre chaque client, le désinfectant est passé sur toutes les surfaces lisses, les tissus protégés, chacun est reçu sur rendez-vous et le cabinet est suffisamment grand pour qu'à deux, nous ayons chacun une vingtaine de mètres carré... Ces gestes sont appliqués systématiquement pour tous depuis le mois de mai 2020. Je n'ai aucun avis sur la virulence de la pandémie, sur ce qu'il faudrait faire ou non pour l'enrayer... Je ne sais pas. Je fais au mieux selon ce qui me semble juste et sain. Ces derniers jours, je me suis beaucoup interrogé sur ce qui me semblait juste et sain... Et les réponses ne sont pas aussi évidentes. Aujourd'hui, même si les textes gouvernementaux relatifs au nouveau confinement sont peu clairs (c'est peu dire !) et sujets à discussion, j'engage ma responsabilité de citoyen et de professionnel de l'hypnose en prenant la décision de fermer mon cabinet en ce début du mois de novembre 2020. Bien sûr, je pourrais, comme d'autres, continuer à vous accueillir - je suis autorisé à travailler - et vous exposer à une amende de 135 euros car votre déplacement est réservé aux seuls actes médicaux ne pouvant être reportés ou réalisés à distance. Je pourrais faire semblant (c'est si facile) de ne pas avoir compris l'urgence de ce deuxième confinement, je pourrais faire semblant de m'estimer professionnel de la santé, de me croire essentiel, je pourrais profiter du flou juridique pour tirer sur la corde et exercer encore et encore, participer à ma façon au déplacement du virus et tant pis pour les soignants, et tant pis pour les morts, pour les petits vieux... Je crains qu'en faisant cela, et ce n'est que ma vision des choses, je me défausse de ma responsabilité et vous fasse supporter mes interrogations, mes doutes, le risque de vous exposer à une sanction financière, de vous pousser à une forme de tricherie aussi... En vous recevant, aujourd'hui, je fermerais les yeux sur quelque chose de fondamental dans ma pratique : l'harmonie ou cette douce sensation d'être aligné, droit dans mes bottes. Si je me sens tricher ou à la limite de ce qui est autorisé ou non pour le bien commun, alors l'harmonie (la mienne) vole en mille morceaux et mon accompagnement n'est plus celui que je veux réaliser. L'harmonie que j'évoque est celle de mon authenticité, celle de mon enthousiasme, d'une énergie sans faille que je mets à votre service. Cette harmonie est aussi le ferment de mon honnêteté, celle qui permet au client de s'autoriser à aller chercher au plus profond de lui les ressources nécessaires à son bien-être. Je pense intimement que cette harmonie participe à l'engagement de mon client lorsqu'il ferme les yeux pour entrer en hypnose. J'espère vivement que les autorisations seront rapidement levées. Dès qu'une information claire sera émise par le ministère de la santé, alors je vous le ferai immédiatement savoir et vous annoncerai de la façon la plus enthousiaste qui soit, que vous êtes les bienvenus au cabinet ANIMA - Hypnose Angoulême ! En attendant, je privilégie les séances à distance et me concentre exclusivement sur le soulagement des angoisses et de l'anxiété. Prenez bien soin de vous :) |
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Août 2022
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