La prise de poids revêt bien des aspects. Le corps ne trompe pas, quand la vie me pèse, les poids s'accumulent quelque part... Criante devient l'existence de ce qui m'encombre... Les émotions, impalpables, harcelantes et fugaces, à force d'être tues, se cristallisent et s'expriment dans la matière, ma matière, en moi.
Alors ces kilos, traduisent tout ce que je n'ai su exprimer, accepter, pardonner. Ils agitent le fanion du non-dit, du mal-être absorbé, se rappelant à mon bon souvenir dès que je monte sur une balance ou que je m'observe dans un miroir. Premier rempart contre la violence et la maltraitance, le corps peut s'armer de protections, d'une enveloppe que rien ne pourra jamais altérer. Les poids deviennent un système puissant pour mieux se protéger contre la douleur de l'humiliation, des coups... Comme une muraille que rien ne saura traverser, qu'il me faudra entretenir, préserver au fil des années. Une muraille révélant plus encore la vulnérabilité intérieure. Parce que derrière l'épaisse protection, se cache tellement de sensibilité, de vulnérabilité. De beauté aussi, qu'il me faudra apprendre à accepter, à aimer... moi qui me déteste tant. Une muraille à laquelle je reste fidèle, un système de défense encombrant qui aujourd'hui n'a plus aucune raison d'être. Il est grand temps que je révèle au monde la délicatesse que je cache soigneusement tout au fond de moi ! Parfois, la prise de poids révèle mon combat. Celui que je mène pour être enfin considéré, aperçu, accepté, respecté, vu... aimé. "Hé regardez moi ! Je suis là moi aussi ! Ce n'est parce que je fais passer les autres avant moi que je n'existe pas !" Dans un contexte, une famille, un travail, où l'attention se porte ailleurs que sur moi, que sur mes efforts, et davantage sur un frère, une soeur, sur la maladie, des conditions de vie difficiles, sur mes collègues, mon mal-être et l'injustice ressentis vont s'exprimer aisément par le corps, par ces kilos que parfois je ne comprends pas. Une lutte pour prendre une place, pas forcément la première, mais une place à part entière, alors que s'installe en moi l'idée que je ne vaux rien... Le corps saura se révolter : "Merde, j'existe !" Quand bébé pleure, on lui donne à manger. Dès la naissance est confortée l'idée que tout chagrin se solde par la nourriture. Que seule l'alimentation saura apaiser mes émotions. Émotions que l'on ne prend plus le temps de reconnaître et de considérer. Et puis dans la famille, on a l'habitude se réunir autour de bonnes tables ! La culture du "manger" est si présente qu'elle est associée à chaque émotion, pesante ou joyeuse. Et comme nous sommes constamment traversés par des émotions... La nourriture devient excessive, irrationnelle, dans ses quantités, ses fréquences, sa qualité. Manger trop, grignoter pour taire et calmer ses émotions ou festoyer de longues heures pour fêter des retrouvailles. Une histoire de culture à laquelle je reste fidèle et qui ne correspond plus à la personne que je suis devenue... "Manger ses émotions", cela vous parle ? Lorsque la vie est pesante, les tracas s'accumulent, le poids de l'existence devient tel qu'il me plonge dans la sourde souffrance. La vie est dure, n'est pas ? "Il est bien normal de passer par des moments aussi durs, cela fait partie du jeu, je n'ai pas à m'en plaindre, c'est comme ça !" Ce que je n'exprime pas, s'imprime profondément. Dans ma chair d'abord. Et ma vie si pesante, prend forme en moi, dans mon corps qui s'alourdit, dans mon squelette qui se fragilise. Ce que je ne sais plus dire m'écrase.. et mon corps se renforce pour ne pas ployer sous le poids fracassant de l'existence. "Maman était tellement obnubilée par mon poids que j'ai vécu toute mon adolescence dans la frustration des régimes... et lorsque je me suis retrouvé seul, je me suis laissé aller"... Et les kilos se sont installés. Massivement. Comme un contre pied, un retour de manivelle. Et aujourd'hui je ne suis plus frustré par le manque de nourriture. Non, je le suis maintenant par mon image, par mon mal-être. Au fond, en réagissant de façon opposée à ce que j'ai vécu enfant, je continue d'articuler ma vie autour de l'injonction qui me faisait tant souffrir... et je cultive la souffrance sous une autre forme. Au delà de la fonction vitale, la nourriture constitue un refuge apaisant, délivrant son lot d'hormones régulant les trop pleins émotionnels. Bien sûr l'excès d'alimentation est presque systématiquement à la base d'une prise de poids. La dépendance aux matières grasses, au sucre aussi. En revanche, les raisons qui mènent au refuge dans la nourriture sont, elles, très vastes... Et font l'objet de mon approche en hypnothérapie. Nous savons tous ce qu'est un équilibre alimentaire, nous savons tous ce que nous devrions faire ou ne pas faire... Et pourtant, lorsque l'appel du grignotage, ou du fait de me resservir alors que je n'ai plus faim est le plus fort, alors peut-être vaut-il mieux se pencher sur les motifs de mon comportement pour y apporter, enfin, une solution pérenne et intègre visant à réguler mon alimentation. Comme nous le savons tous, la solution durable n'est pas dans le régime à vie. Chacun de ces fonctionnements inconscients vise à protéger. Peut-être est-il temps de se remercier pour de bon, et mettre en place d'autres stratégies ? Plus conformes à ce que je suis "ici et maintenant". A très vite je l'espère.
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"Ne pas pratiquer le sur-booking expose à un risque majeur : le désistement sauvage. Du moins celui qui s'affranchit de toute courtoisie, le client jugeant inutile de prévenir de son absence.
Vous le savez, je réserve un créneau d'une heure trente pour chaque rencontre et je reçois systématiquement mes consultants à l'heure. Les demandes sont nombreuses, souvent urgentes, j'organise mon emploi du temps en tenant compte, le plus possible, des désirs de chacun. Disons-le simplement, je suis flexible dans mon amplitude horaire et très à l'écoute des souffrances exprimées. Dans cette optique, notre prise de rendez-vous fait l'objet d'un échange systématique facilitant grandement notre rencontre. Lorsque la séance est fixée, je m'assure qu'un rappel vous soit envoyé la veille au soir... Et pourtant... ...je reste toujours aussi surpris par le consultant qui, le lendemain, ne se présente pas, sans avoir averti de son absence... Cette notion de désistement m'interroge. Quelle(s) raison(s) peut bien pousser une personne en demande - a priori - sincère, à prendre un rendez-vous pour changer quelque chose à sa vie... et finalement ne pas se présenter, ou annuler son rendez-vous quelques minutes avant, par simple SMS ou parfois sans un mot, écartant la courtoisie la plus élémentaire de son attitude ? Bien sûr, de ma réflexion, j'écarte les motifs impérieux à caractère d'urgence comme une hospitalisation non prévue ou un cas de force majeure. J'écarte également toutes les personnes ayant prévenu de leur absence en m'appelant quelques heures/jours auparavant. Passé l'agacement, j'analyse que ce faux bond est d'abord le signe d'un dysfonctionnement chez le consultant : un rendez-vous avec soi avorté, une opportunité d'aller mieux, ajournée. Y aurait-il donc mieux à faire que de construire son bien-être ? Alors que la personne perçoit un déséquilibre dans sa vie, elle s'en plaint, en pleure et dans un sursaut de conscience, prend rendez-vous avec un thérapeute. Echange, prise de rendez-vous, la voici rassurée sur sa capacité à changer quelque chose... Du moins, elle garde l'option de la séance sous le coude, elle l'activera, oui, mais... pas avant de s'être totalement écrasée contre le mur du chaos. On ne sait jamais... Le voilà le danger : envisager l'inéluctable, le nier de toutes ses forces tant qu'il ne nous a pas rattrapé. "La maison brûle mais nous regardons ailleurs...!" comme le disait le grand Jacques. Ne serait-ce pas le déni de notre fragilité ? Le déni de notre vulnérabilité ? Le déni de soi ? De notre incapacité à maîtriser les éléments ? Et cette fragilité, si elle s'exprimait, ne serait-elle pas la preuve que décidément "je n'y arriverai jamais...", "que je ne suis pas à la hauteur...", "pas capable de réussir...". Et plus je fuis ma détresse, ma peur, plus je les occulte. Dans cette agitation, cette course effrénée, sans s'en rendre compte, la personne court de toutes ses forces vers le fracas de son existence. En fuyant éperdument, je construis les conditions de ma souffrance. L'autre point qui m'étonne toujours autant, c'est l'absence de toute courtoisie. Si la personne ne prévient pas de son absence ou utilise un faux motif, peut-être est-elle dans l'état d'esprit que s'engager vis-à-vis de soi et des autres n'a aucune importance. Soit. Alors effectivement, la thérapie brève ne lui sera pas forcément adaptée. Tout consultant ou client venant me rencontrer a pris la décision de changer quelque chose à sa vie. C'est un engagement total par le simple fait de se déplacer. Engagement précieux sur lequel nous nous appuierons durant notre échange. Venir en consultation, honorer son rendez-vous est un acte d'engagement, une attitude responsable vis-à-vis de soi (un peu du thérapeute aussi). C'est l'acte d'un adulte. Oui le mot peut faire trembler, mais à l'heure du cocooning et de la rencontre avec son "enfant intérieur", c'est toujours l'adulte qui se responsabilise en respectant son engagement. Dans le silence ou le mensonge d'un rendez-vous non honoré, se cache toujours une certaine immaturité. Si la personne ne prévient pas de son absence, peut-être est-elle dans l'état d'esprit que sa parole ne compte pas. Que "les promesses n'engagent que ceux qui les reçoivent". Comment croire en l'autre alors...? J'imagine une grande solitude chez celui qui perçoit que la parole de l'autre ou la sienne ne vaut rien, à quoi, à qui se raccrocher ? Il peut alors rester l'option du mensonge et de la manipulation, un monde de fantasmes, d'illusions et plus encore de désillusions - mais surtout de honte, de culpabilité. Un monde de souffrance et de solitude et le sourire de façade ne calmera pas la détresse. Passée la désagréable surprise d'une séance avortée sans explication, je ressens toujours une forme de tristesse vis-à-vis de la personne qui n'est pas venue. Quel gâchis que de reporter un rendez-vous avec soi-même... pour aller mieux. Parfois la personne me rappelle, plusieurs mois plus tard... Elle souhaite un rendez-vous. Alors cette fois-ci, viendra ou viendra pas ? C'est clairement la question que je lui pose durant notre échange. Et si elle vient, je l'accueillerai toujours avec bienveillance, en sachant au fond de moi qu'elle entame un changement majeur dans sa vie... Plusieurs milliers de rencontres, toutes uniques, des histoires, des parcours, des drames souvent. Au fil du temps, je suis témoin des efforts que chacun s'évertue de réaliser pour sortir d'une situation difficile ou calmer ses tourments. J'écoute le déroulé d'une existence parfois chaotique, douloureuse, j'assiste à l'effleurement d'émotions et toujours reconnais une sensibilité développée à force de vigilances et de nouvelles souffrances à éviter.
Bien qu'uniques, ces histoires de vie ont souvent quelques traits qui les relient. Des points communs, des caractéristiques qui semblent se renforcer au fil des épreuves, et que je retrouve aussi bien en accompagnant une personne dans sa lutte contre une addiction, dans sa colère, sa tristesse ou dans une phase de déprime. Bien sûr, ces observations ne constituent en aucun cas une preuve ou une certitude scientifique, elles sont juste le témoignage d'un hypnothérapeute qui accueille beaucoup de personnes en souffrance. Tout cela n'engage que moi au fond... Et c'est très bien ainsi. 1- Sans tenir de statistiques précises, plusieurs occurrences m'apparaissent. La première d'entre elles, c'est une sensation de solitude que je retrouve chez bon nombre de mes consultants. Une solitude dans l'incompréhension de mécanismes qui les dépassent, à la recherche d'un "pourquoi" tellement complexe. L'absence d'explication claire et nette créé cette difficulté à comprendre nos comportements, pulsions, accès de colère et autres manifestations incontrôlées. Et sans comprendre, comment expliquer aux autres ? A la famille, au conjoint ? Ce sentiment extrême, c'est aussi la solitude dans la souffrance, dans la douleur. Elle ne se partage pas et du reste, beaucoup la gardent en eux, préférant "encaisser", "ravaler", "prendre sur les épaules", "faire avec", assumer, plutôt que de l'imposer ou de la révéler autour de soi. Cette solitude, s'exprime aussi dans le doute s'imisçant au fil des années, "suis-je normal ?" : je ressens que je n'appartiens pas à la norme, celle de la société, celle du monde dans lequel j'évolue, celle de mes parents, la mienne aussi. Et si je ne suis pas "comme les autres", alors je me sens seul. Les réseaux sociaux exacerbent ce sentiment, et aussi le manque de confiance en soi. Parfois, la solitude s'exprime très nettement dans une phase de déprime, une dépression. Cette incapacité à créer du lien, en moi d'abord, avec les autres ensuite. Alors dans l'isolement de ma détresse, je souffre, du regard de l'autre, mais surtout de mon propre regard, m'en éloignant le plus possible jusqu'à ce que tout retour "à la normale" devienne une épreuve redoutée. Il arrive que la solitude revêt paradoxalement une incapacité à être seul, surtout sans rien faire. Alors je la fuis dans un accès de panique, toujours en activité, en compagnie de collègues, de la famille, d'amis, au risque de m'épuiser et de me retrouver... seul. En voilà une aventure ! 2 - La fidélité me parait aussi très présente chez un grand nombre de mes clients. Je n'évoque pas la fidélité amoureuse.. quoique, parfois certaines personnes restent fidèles à de sombres personnages qui les rabaissent, les frappent, les humilient, mentent, trompent. Cette fidélité existe mais ne concerne pas tout le monde. En revanche, il existe bel et bien une fidélité plus commune, sournoise, presque invisible. La fidélité au jugement d'un autre. Un parent souvent, mais pas systématiquement. "Je suis très dur avec moi, je ne m'estime pas, je suis exigeant envers moi-même et remarque tous mes défauts, mes travers, je me traite de tous les noms, lorsque je monte sur ma balance, lorsque j'échoue, lorsque je me regarde dans un miroir, lorsque je m'écoute parler et dire tant de sottises..." . Beaucoup de souffrances en peu de mots, tant d'insultes devenues bruit de fond, et sans même y prêter attention, la répétition, encore et encore, de ces violences devient le fonctionnement de la personne, vis-à-vis d'elle-même. En creusant un peu, souvent la personne me confie que durant son enfance, un parent, des camarades de classe l'ont maltraitée, l'ont rabaissée, encore et encore, se moquant de l'attitude, de l'image, des mots... Dénigrant systématiquement, tout. Alors la personne qui se maltraite, répétant les horreurs qu'elle a pu entendre dans son passé, se rabaissant, s'humiliant, est restée fidèle aux propos qui l'ont tant fait souffrir... Parfois, elle reste fidèle à un ordre : "arrête de pleurnicher ! Tais-toi !" Ou une injonction : "la vie est dure, rien n'est simple..." etc, etc... Cette fidélité, s'exprime aussi dans les répétitions de schémas comportementaux ou émotionnels. Une fidélité à un fonctionnement, souvent néfaste, mais totalement connu... donc rassurant. Oui, la fidélité a cette vertu, celle de rassurer : "au moins, ça, je le maîtrise" (même si cela me fait souffrir). Cela porte un nom : la zone de confort ! Même si elle est très désagréable ! Dès que je répète quelque chose, je suis fidèle, à un comportement, à une pensée, à une situation. 3- Troisième trait commun aux personnes que je rencontre depuis une vingtaine d'années, et se développant à une vitesse prodigieuse, c'est l'anxiété. Une sensation de peur, de crainte, un sentiment désagréable provoquant souvent de la cogitation, et des manifestations physiques fort désagréables. Elle se manifeste de façon plus ou moins continue, certains "font avec" trouvant un refuge dans un choix d'activités prodigieux (allant de la création artistique à la pratique du sport, en passant par le tabagisme, une consommation excessive d'alcool, de nourriture (le chocolat par exemple), développement de TOC, etc, etc.... Bref, chacun fait comme il peut avec son anxiété. parfois, certains se trouent l'estomac avec une bonne dose de cortisol ! L'anxiété est souvent associée à une rumination intérieure, une crainte ou un sentiment "insecure" de ce qui pourrait arriver, de ce qui arrive. Et comme souvent, on imagine l'avenir comme l'on a connu son passé, si j'ai souffert dans le passé, une partie en moi va se charger d'envisager tout ce qui pourrait mal tourner à l'avenir. Cela s'appelle l'anticipation, et notre société, notamment le monde du travail, est basée sur ce système. Evidemment, l'anxiété s'entretient, par les mauvaises nouvelles notamment, par une absence de maîtrise des éléments extérieurs. Or, à moins de vivre dans une grotte, les informations nourrissent l'anxiété, la précarité ou l'absence de maîtrise de ce qui pourrait m'arriver. Nous vivons dans un monde qui n'a jamais autant été informé y compris de fake news. 4- Enfin, le dernier point qui correspond à une immense majorité des personnes reçues au cabinet, c'est la confusion, émotionnelle surtout. Celle consistant à mélanger l'intensité émotionnelle des événements, accordant aux détails une manifestation émotionnelle disproportionnée. Le discernement intellectuel peut parfaitement fonctionner... mais la réaction intérieure, c'est une autre paire de manches ! Ce constat s'illustre particulièrement chez mes consultants venant me rencontrer pour apprendre à "gérer leurs émotions". Bon, je vais être transparent avec vous, je ne sais pas si une émotion "se gère", surtout lorsqu'il y en a beaucoup, successivement et simultanément. La (ou les) gérer, reviendrait alors à la classer le plus loin possible pour en éviter les effets. S'asseoir dessus, l'étouffer. Avez-vous déjà essayé de cacher un ballon dans l'eau de la mer ou d'une piscine ? Aussi profondément que possible ? Imaginez que ce ballon soit une émotion. La colère par exemple, ou une frustration... Vous l'enfoncez avec effort dans l'eau, la colère (ou l'émotion en question) disparaît de la surface, mais dès que vous relâchez votre effort (après tout, vous n'allez pas passer votre vie dans la piscine !), le ballon jaillit avec une force incroyable, venant percuter votre visage et vous éclabousser (et tout ce qui est autour de vous)... Alors oui, c'est vrai, vous pourriez "gérer" tous vos ballons en les cachant dans l'eau profonde mais vous pouvez aisément imaginer les conséquences. Décidément, cette confusion créé bien des tourments ! Peut-être constatez-vous quelques points communs avec cette liste personnelle et vos propres ressentis. Imaginons que vous trouviez une résonance dans ces mots, je ne peux que vous encourager à mettre un terme à ces fonctionnements afin de goûter le plaisir de mécanismes plus doux et harmonieux et surtout de souffler un peu, après tant d'années de solitude, de fidélité, d'anxiété et de confusion. Souvenez-vous que d'autres chemins existent ! A très bientôt au cabinet ANIMA - Hypnose Angoulême - 07 69 93 33 18 La mauvaise nouvelle
Tombant comme un couperet, une lame d’acier peu affutée qui arrache plutôt qu’elle ne tranche. Résonnent alors l’effroi, la douleur, le doute, la sidération parfois. Et puis, des heures, des jours, des mois, comme un laminoir incessant, Lissent peu à peu le sillon de ma détresse. "Ah, si seulement la vie était un long fleuve tranquille !"
C’est vrai, ce pourrait être paisible de voguer au gré des flots sur une barque stable, nous pourrions alors prendre le temps d’observer les rivages, d’apprécier les paysages et de contempler ce qui fait notre vie. Jolie métaphore bucolique. Pourtant, si la vie était un long fleuve tranquille, alors il nous suffirait de suivre le courant, sans se poser de questions. Les choix disparaitraient de notre quotidien, tant l’embarcation suivrait le cours de l’eau. Adieu le libre arbitre, plus rien à choisir du moins en ce qui concerne la direction que prendrait notre existence. Forcément, pour que l’eau coule, il est nécessaire que le fond du fleuve soit légèrement descendant, notre existence se résumerait à suivre une pente douce, toujours en descente. Dans ce parcours lisse, il est probable qu’à la longue je m’ennuie. Toujours le même rythme, les mêmes paysages vus de l’extérieur. Aucune possibilité d’accoster pour explorer les alentours parce que sinon, ma vie ne serait plus un fleuve mais une aventure. La vie serait formidable si elle était un long fleuve tranquille ? Mais ce fleuve, naitrait-il fleuve ? Dans sa taille de fleuve ? Où commence ce fleuve ? A t’il toujours été conforme à ce qu’il est aujourd’hui ? Aucune évolution ? Le fleuve aussi a fait l’objet d’une transformation, peut-on qualifier un changement de tranquille ? Quant à la fin, inéluctable. Suppose t’elle sa disparition, comme englouti par une extrémité invisible ? Comment, au fil du temps, serais-je en mesure de définir ma vie comme tranquille si je ne la mets pas en contraste avec quelques chose de plus nerveux. En d’autres termes, comment connaître et reconnaitre la quiétude de ma vie si à aucun moment, je n’ai fait l’expérience d’autre chose. Je m’accroche tellement à mon espoir de quitter les tourments dans lesquels je navigue, que j’en oublie de regarder les rivages, que je me cramponne au pont de ma barque sans pouvoir le lâcher, je m’incruste presque dans l’embarcation et devient ce bateau, me concentrant sur les tourbillons, les récifs et secousses. J’anticipe les prochains obstacles, je les imagine même, ma vie se résume à cette tension inaltérable. La recherche de cette tranquillité, nous plonge parfois dans l’illusion d’une vie sans souffrances, sans douleurs, sans changements. D’une vie si fluide qu’elle coulerait sans heurts, sagement. Je n’ose écrire mollement. Nombreuses sont les personnes me confiant l’envie de trouver enfin le bonheur par l'apaisement. Or, lorsque nous discutons plus profondément sur ce que pourrait signifier cette panacée, alors très rapidement, l’hésitation s’installe, le silence s’étend et le bonheur, finalement, est défini par ce qu’il n’est pas. Souvent, trouver le bonheur se résumerait à quitter un état de souffrance ou de tourment. Et espérer que le fleuve se calme subitement pour ralentir son débit et couler tranquillement, une absence de surprises, un calme plat. Morne. Reposant sans doute… Ennuyeux aussi - surtout s’il s’installe. Et puis rapidement sur mon rafiot, je me sens seul, rien pour me distraire, alors je rumine, je tourne en rond comme un lion dans sa cage, maudissant l’univers de toutes mes forces, cela s’agite en moi. Non, c’est la rivière qui s’agite en moi, je suis la rivière, les récifs, les tourbillons, les rochers ! Tout cela, c’est moi qui l’ait créé, tout seul comme un grand... Vous l’avez compris, en hypnose, ce n’est pas l’absence de souffrance, de heurts que nous recherchons systématiquement. Dans la métaphore de la rivière, ce n’est pas forcément son aspect linéaire et régulier que j’apprécie. En revanche, lorsque les rives sont accidentées, lorsque le fond est tapissé de roches, d’obstacles, lorsque la pente devient abrupte, alors l’eau s’adapte, contourne… elle passe toujours, et retrouve ensuite son calme, avant d’accélérer à nouveau. Belle prouesse. La vie passe toujours où elle peut passer. Alors, je vous propose que cette eau nous la fassions passer avec force et énergie, dans un élan vital, que nous la laissions s’engouffrer dans les interstices de l'existence. Et vous savez ce qui se passe ensuite : l’eau polit toujours les parois les plus rugueuses... Faisons lui confiance. Beaucoup de personnes reçues au cabinet, évoquent un deuil douloureux. Une souffrance permanente ou récurrente résumée en une phrase : « je n’arrive pas à faire mon deuil».
Il y aurait donc une façon de faire son deuil : traverser des étapes successives pour finalement accepter la mort de l'être cher et prendre de la distance. Ces étapes normées placent souvent le vivant dans une injonction paradoxale : "je souffre encore alors que je devrais être passé à autre chose depuis belle lurette". Mais passer à quoi exactement ? Lors des jours qui suivent le décès, le mort est d’une certaine façon encore vivant. L’on se met à sa place pour déterminer ce qu’il aurait souhaité, on imagine alors ce qu’il aurait apprécié, les textes, les musiques, les témoignages. Les proches défilent et racontent une anecdote, leur anecdote, leur bout d'histoire, ce qui permet à chacun de découvrir une facette du défunt que l’on ne connaissait pas, d’en avoir une vision plus complète. Les funérailles apportent une densité au mort. Notre connaissance du mort est plus fine, nous le découvrons sous un jour différent. Notre rapport à lui s’en trouve modifié - à jamais. Quand je pleure le défunt, c’est aussi une partie de moi qui meurt. Celle de ma relation passée, de ce que j’étais avec l’autre. Je ne pleure donc pas seulement ce que j’avais mais aussi ce que j’étais. L’acceptation de la mort de l’autre ne suffit pas toujours pour soulager ma peine et la perte de ce que j’étais en sa présence. Durant les mois et les années qui suivent, le mort prend une place différente. Du moins, je lui laisse une place qui évolue au fil du temps. Elle peut être bordée de doutes, d’incertitudes. Parfois dans le surnaturel, dans la spiritualité, dans la complicité sincère, dans la reconnaissance d’un signe, dans le fait de lui parler, je sombre après dans la rationalité la plus brutale, évoquant l’absence sans retour et la certitude de la mort, le néant, le vide. Une oscillation morale qui me plonge dans le désarroi : "ai-je réellement fait mon deuil ?". L’injonction "faire son deuil" impose une vérité, difficilement conciliable avec le doute de nos expériences. Pourtant, les morts ont un pouvoir, la puissance de nous faire agir. Quand ma grand-mère, de son vivant, me donnait un conseil, je l’écoutais peu. Si je rêve de ma grand-mère défunte me donnant un conseil, alors je l’écouterai probablement davantage. Devrais-je être sourd à mes ressentis, mes rêves, les balayer d’un revers de main et suivre les jeunes enseignements issus du scientisme et de la médecine moderne ? Dans mon deuil, je souffre parfois du regard de l’autre, des autres. Puis-je continuer à afficher ma tristesse ? Combien de temps ? A partir de quand puis-je m’autoriser à danser et à rire sans choquer, sans être jugé ? A partir de quand puis-je à nouveau tomber amoureux ? Les rituels codifiés - qui aujourd’hui ont totalement disparu de notre société occidentale - servaient à cela, à fixer des repères précis, comme des parapets auxquels l’on pouvait s’agripper pour ne pas tomber dans le gouffre du vide. Parfois étouffants, ils ont disparu et aujourd’hui, un salarié endeuillé reprendra son travail au bout de trois jours. Comme si de rien n’était ? "Oui, ce serait mieux pour l’entreprise et les collaborateurs… Et puis quoi, la vie continue !" Le deuil renvoie, étymologiquement, à dolore, la douleur. Au fond, l’injonction « faire » nous place dans la nécessité d’une action alors que peut-être l’expression « laisser faire le deuil » serait plus juste. Passer de la fuite à l’accueil de la douleur pour l’intégrer, la reconnaître et - au fil du temps - constituer le début d’un soulagement, qui jamais ne transformera le passé. Plus je m’agite pour échapper à ma douleur et plus elle se rappelle à mon bon souvenir, me cueillant dans la tristesse des journées anniversaire ou se révélant dans les détails les plus futiles du quotidien. Un effet boomerang, dévastateur. Alors je ne sais pas si l’hypnose permet d’aider à "faire son deuil ». Au fond, je ne comprends pas cette expression. En revanche, je considère qu'elle est un formidable outil pour créer un lieu de rencontre entre soi et soi, pour observer et construire un lien nouveau avec cette partie de soi qui aurait disparu ou qui souffre, un nouveau lien aussi avec le mort, un lien qui permette d’honorer pleinement ce que nous sommes, dans l’acceptation inconditionnelle de ce que nous ressentons et vivons dans le secret de l’intimité. Un lien si profond qu’il peut contribuer à, enfin, cesser le combat intérieur pour s’apaiser et vivre avec sa souffrance. L’hypnose permet de réunir ses parties qui souffrent, de les densifier, comme l’on densifie le défunt lors des funérailles pour transformer la relation. Et certainement pas la gommer. C’est peut-être cela « laisser faire le deuil », vivre pleinement avec l’absence de l’autre et lui donner une présence par ce lien unique et précieux que tissait notre relation d’amour. "Pendant toute mon enfance, j’ai été rabaissé, sujet à de nombreuses critiques. Je me suis senti rejeté et n’ai pas vécu dans la bienveillance. Aujourd’hui, j’en garde quelques traces, je n’ai pas confiance en moi, et j’ai tendance à me croire insignifiant, surtout lorsque je me compare aux autres… »
Arff, les ravages du passé, où l’écho des blessures vibrent encore, plusieurs dizaines d’années après. J’entends très souvent ce type de témoignage chez des personnes souffrant d’une estime de soi en berne. Elles se jugent systématiquement inférieures à tout ce qui peut les entourer, médiocres dans leurs actes, quels qu’ils soient. Bien sûr, chacun reconnait et admet l’existence d’un modèle d’amour déficient dans lequel ils ont grandi ou évolué, chacun sait que les paroles d’un parent/conjoint violent ou étouffant étaient absurdes, fondées sur du vent, et pourtant… Ces paroles, ces actes sont devenues le ferment d’une « vérité » que l’on appelle « identité ». Je me forge une identité sur la base de ce que j’ai entendu, compris, ressenti, vécu. Et si l’on me répétait sans cesse tel ou tel propos, il est probable qu’une partie de moi-même l’ait intégré et admis comme étant une vérité. Et je sais pourtant que c’est faux, injuste, stupide… Alors sans trop m’en rendre compte, même si j’ai quitté un cercle malveillant (souvent familial), même si j’ai grandi, même si mon comportement est différent avec mes enfants, mes proches, si je leur apporte de l’amour, de la bienveillance, il est possible que malgré mon évolution, je reste enfermé dans un déficit d’estime ou de confiance en moi. Je me crois nul, quoique je fasse et je me répète à longueur de journées que je ne vaux rien… Dur dur. Quelque part, me répétant sans cesse combien je suis médiocre, je reste fidèle à la parole de ceux qui m’ont rabaissé lorsque j’étais plus jeune. Bizarre, non ? Je donne raison à la personne violente en conservant ses attitudes vis-à-vis de moi-même. En d’autres termes, j’ai connu la violence dans mon passé jusqu’à l’âge où je suis parti. Et depuis, je connais la violence des insultes et rabaissements systématiques que je m’inflige au quotidien, comme cela, sans même m’en rendre compte. Alors chercher dans le passé les raisons pour lesquelles aujourd’hui je vais si mal est une piste intéressante, mais malheureusement pas suffisante. Je ne suis pas que le résultat de mon passé, je suis aussi le résultat de mes pensées, et elles, sont bien présentes, aujourd’hui. Je suis donc le résultat de mon présent. Et depuis bien plus longtemps que mon passé révolu. Chaque pensée est une émotion. Nous avons environ 60.000 pensées par jour. Si je suis parcouru par 500 pensées sombres et violentes vis-à-vis de moi, chaque jour, je vis alors l’équivalent de 500 émotions sombres et violentes chaque jour (il semblerait qu'elles soient bien plus nombreuses). Depuis si longtemps. Comment vais-je pouvoir classer le passé si je l’enfouis sous une multitudes d’émotions toutes aussi violentes chaque jour ? Allons un peu plus loin. Vais-je mal aujourd’hui à cause du passé ? Ou bien plutôt à cause de la façon dont je me traite, aujourd’hui… sans m’en rendre compte ? Il est possible d’agir sur ses pensées. Devenez observateur de vos pensées. Notez-les, rééduquez-les. Teintez-les de vérités lumineuses. Soyez juste et surtout, arrêtez d’honorer la parole de ceux qui vous ont tant fait souffrir. J’aurai grand plaisir à vous accompagner dans ce processus et vous invite à me contacter au 07 69 93 33 18 pour tout renseignement complémentaire. A très vite ! Chaque rencontre est unique, chaque séance se révèle différente de la précédente. Nous portons en nous ce caractère de singularité et pourtant, nombreux sont ceux qui luttent contre cette dernière, rêvant de devenir « normal » ou « comme les autres… », rêvant de faire taire ces parties qui saignent à l'intérieur et souffrent en criant silencieusement.
Une guerre impitoyable, sans merci, contre vents et marées. Une guerre menée parfois depuis de longues années. Contre soi, d'abord. Une arme de destruction intime s’avère très efficace : le jugement intérieur. Petite voix insidieuse qui ne laisse rien passer. Il existe aussi les processus d’auto-sabotage, les schémas répétitifs, les pulsions, les phases de déprime, les blocages…. Une longue liste créant un fracas épouvantable auquel l'on s’habitue au fil du temps, une fatalité contre laquelle, lutter, ne sert plus à rien. Beaucoup de personnes venant au cabinet sont des traumatisés de ce conflit intérieur. En guerre, violente et silencieusement hurlante depuis si longtemps, elles viennent chercher un cessez-le-feu. Une accalmie, un apaisement. Oh, rien de spectaculaire, juste l’expérience du repos, de la paix intérieure, de l’harmonie. C’est cela l’expérience la plus fondamentale de l’hypnose : se retrouver dans un espace différent, un no-man’s-land et vivre par sa sensorialité une rencontre entre soi et soi. L’hypnose est un espace de rencontre. De re-découverte. Un espace de poésie aussi. Entrer dans un état d’hypnose, revient à lâcher ses armes pour expérimenter une approche plus satisfaisante. Nouvelle, forcément. Or lâcher ses armes est probablement l’étape la plus décisive. Cela s’appelle aussi le lâcher-prise ou abandonner tout projet de maîtrise sur le temps et les évènements, sur le corps aussi et les pensées aussi. La magie est là, ne rien attendre, ne rien espérer, ni même un résultat, et s’ouvrir à tout pour laisser monter l’ensemble des ressources et forces vives qui sont en nous, celles qui recréent du lien, entre nous et nous. Le praticien en hypnose n’est rien d’autre que le dépositaire de ces armes « Tu peux y aller en confiance… ». Mais les mots ne suffisent pas à créer ce rapport de confiance, une intention pure, une relation pure, un rapport rempli parfois de silences, de regards, d’une respiration tranquille, de rires aussi - de vérités toujours - sont le ferment de cet abandon à soi. Alors, dès que la personne ferme les yeux spontanément pour s’abandonner à l’aventure de la paix, sans le savoir vraiment, elle vient d’accepter l’idée d’enterrer la hache de guerre et commence à fumer le calumet de la paix. Je ne travaille que pour ce moment-là. La prise de rendez-vous n’est pas systématique, et il m’arrive parfois de décliner, poliment toujours, une demande s’appuyant sur… l’attente d’un miracle. Hélas, je ne sais pas faire de miracle. Mon nom est Pierre, pas Jésus.
En quoi consiste ce miracle ? A faire bouger quelque chose chez une personne qui n’a pas envie de changer, qu’elle le sache ou non. Et si changement il y a, il doit être bien sûr immédiat, radical, définitif et facile à vivre. Rien de trop impliquant… Je me doute que l’on vient plutôt me voir pour créer un changement dans sa vie, il est à la base de notre échange. En revanche, lorsque que la personne exprime qu’elle n’a aucune volonté à changer, qu’elle se repose, d’une certaine façon, sur la magie de l’hypnose - à laquelle, du reste, elle ne croit pas - je crois inutile d’aller plus loin. Je m’interroge alors sur sa démarche, sur sa réelle motivation, et je constate souvent, qu’existe une culture de la consommation du bien-être ou du miracle attendu qui ne nourrit que frustration et colère. « Je n’ai pas envie d’arrêter de fumer, je n’en ai pas la volonté, du reste, je n’ai jamais essayé d’arrêter… mais je viens tenter, si ça marche, se sera toujours 300 euros d’économisés par mois… ». Lorsque les propos sont aussi clairs, je décline poliment. C’est facile. Parfois, le discours camoufle plus subtilement l’intention réelle de la personne, l’envie de vivre une expérience d’hypnose l’emporte sur la sincérité de la démarche du client ou bien celle, plus insidieuse, de se prouver qu’aucune solution n’existe à son mal. Enfin, d’autres ont si peur de perdre ce qu’elles croient être leur identité qu’elles font tout pour garder la maîtrise… du mal-être… Et souvent, dans ces cas, le « miracle » n’a pas lieu… Le miracle est aussi de croire qu’une séance de quelques minutes met fin à plusieurs années de dépression, d’anxiété, de manque de confiance en soi, de relation problématique à la nourriture. Non, il est souvent nécessaire d’y revenir, de relever les manches, de renforcer les acquis, d’apprendre à utiliser son énergie différemment, calmer les colères, soulager les peines, changer son regard sur soi, sur sa vie, sa place dans le monde. Un claquement de doigts ne suffit pas toujours. Il en faut plusieurs. Je ne dis pas que le travail s’étend sur des années, mais espérer dans ces cas qu’un seul rendez-vous suffira est illusoire. Nous façonnons le bien-être, comme dans l’atelier de l’artisan. Pour autant, peut-être paradoxalement, je ne fixe jamais de deuxième séance à l’issue de notre première rencontre. Non, j’attends que le client revienne vers moi. Je le considère responsable de son changement. Je sais juste que s’il s’engage sincèrement dans sa démarche, alors le changement a toujours lieu. Parfois, c’est vrai, une seule séance peut suffire à créer l’impulsion du changement, à soulager une détresse, retrouver l’énergie pour donner un coup de pied au fond de la piscine, s’affranchir d’une phobie ou d’une dépendance. Cette impulsion, en soi, peut changer radicalement le rapport de la personne à ce qui l’empêche d’avancer, de se sentir libérée. Mais parfois, cette étincelle, ce regain d’énergie ne suffisent pas totalement. Il est alors nécessaire de l’alimenter, de bâtir, de construire, de la consolider… C’est cela mon métier. Souvent, il m’est demandé combien de séances seront nécessaires pour atteindre tel ou tel objectif. Je n’en ai aucune idée. Je ne sais pas, alors par éthique personnelle, je me refuse de proposer des forfaits incluant plusieurs séances – je me suis exprimé sur ce point. Avançons pas à pas. L’hypnose ou le développement personnel est aussi une affaire de maturation. D’évolution au fil du temps, rien à voir avec l’impatience capricieuse d’un changement immédiat. Si vous lisez régulièrement ce blog, vous savez que je la considère davantage comme une évolution philosophique, intime… de l’intérieur, une rencontre entre soi et soi. Rien à voir, là non plus, avec un changement de surface ou d’attitude dénué de profondeur. Pour que le changement dure dans le temps, il est nécessaire de l’intégrer au plus profond de la personne. Et encore une fois, les protections inconscientes sont parfois si puissantes qu’il est judicieux de prendre le temps, de s’y reprendre même, dans la bienveillance et le respect inconditionnel du client. Respecte-t’on une personne lorsque l’on entame un processus de changement contre sa volonté la plus intime ? Alors parfois, les déceptions existent, elles s’expriment maladroitement dans un avis google, symptôme émergeant de cette terrible culture de la consommation du miracle, qui au fond, accentue l’impression de mal-être et de décalage que peuvent vivre certains. Je n’aime pas cette culture, elle ne correspond pas à mon approche. Souvenez-vous, l’hypnose seule ne fait aucun miracle. Vous seul(e) pouvez le réaliser et je ne cesserai de vous le dire en séance. Je lisais récemment quelques échanges houleux entre professionnels de l'hypnose sur ce qui relève de la science, de la preuve irréfutable et du reste. Eh bien mes amis, les avis divergent ! Les uns se traitant de charlatans, les autres d'illuminés.
Beaucoup de mes confrères se disent cartésiens... et n'ont jamais lu Descartes. Parce que s'ils l'avaient lu, ils auraient su que Descartes était croyant. Très croyant. Un ultra croyant même, un vrai bigot. Croyant à ce point, que toute son oeuvre philosophique est empreinte de son rapport à la religion. Cela ne me gêne pas, je me souviens juste qu'une personne se disant "cartésienne" vit sous l'influence de la philosophie de Descartes. Cette dernière étant articulée autour de la pensée et de l'existence. Tout d'abord, dans la pensée de Descartes, le doute est essentiel. Quelqu'un de cartésien doute parce que nous percevons le monde au travers d'une capacité limitée à nos cinq sens (plus quatre autres...). La réalité n'est donc pas toujours tangible, elle peut se cacher ailleurs, dans l'invisible (et là, je suis bien d'accord). Par ailleurs, l'altération du raisonnement peut nous induire en erreur notamment dans le cas d'épisodes psychotiques. Enfin, le rêve dissipe la réalité du corps et peut modifier notre perception de ce qui nous entoure. Autant de raisons de cultiver le doute en permanence. Mais le doute n'est pas une fin en soi. Pour Descartes, ce doute passe par la pensée. Sans penser, je ne suis pas. Sans douter, je ne suis pas. Je pense donc je suis (le fameux !). Et je doute quand je pense. Mais cette pensée, comment se créé t'elle ? Par mon expérience, mon savoir, ma culture... et tout ce que je sais sans savoir que je le sais. Et là, ça commence à être costaud. Je pense au travers d'un moule, d'une mécanique dans laquelle mes émotions jouent un rôle majeur. Ce que je crois être ma pensée est le résultat d'une alchimie entre mes émotions passées, ce que je crois savoir, ce que je ne sais pas savoir (on s'y perd !)... Bref, ma pensée est complexe et celle là même peut me faire douter. De tout. Descartes doutait de tout, certes... sauf de Dieu. Avait-il une preuve de l'existence de Dieu ? Pas plus que nous. Alors, très modestement, je pouffe intérieurement lorsqu'une personne se revendique - avec force et aplomb - être cartésienne... et vouloir des preuves scientifiques à tout bout de champ, y compris pour l'hypnose. Se dire cartésien, c'est exclure les émotions de sa pensée rationnelle, sans en avoir conscience évidemment. Et cela ressemble déjà à un phénomène hypnotique, l'exclusion de quelque chose qui est en soi pour créer sa propre vérité. Pour ma part, je n'ai pas de certitudes. Je doute beaucoup, surtout des preuves irréfutables qui me semblent parfois bien fragiles. Je doute aussi de moi, n'ayant malheureusement pas encore la preuve scientifique de mon génie :) Et plus j'avance moins je sais, et moins je sais plus je m'ouvre.. à tout. Et je crois que cette ouverture est la clé de mon approche. En tout cas je m'y sens bien. |
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Octobre 2023
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